POUVOIRS > DIPLOMATIE
160
Nb d'ambassades françaises (3ème réseau diplomatique dans le monde)Conférence de presse de Boris Eltsine et de Bill Clinton (2003)
Moyen-Orient : la carte américaine (Ralf Peters 2006)
Une vision proposée par l'ancien militaire américain Ralf Peters en 2006. Une remise en cause des accords Sykes-Picot.
13# DIPLOMATIE
La diplomatie est une affaire de diplomates organisés en réseau (l'un des plus anciens étant celui du Saint-Siège) et chargés de conduire des négociations, de regler des problèmes sans violence.
Etroitement liée à la politique étrangère, la diplomatie s'en distingue. La politique étrangère correspond aux choix stratégiques et politiques de l'Etat. La diplomatie en assure la mise en oeuvre par des diplomates professionnels. Les rapports de force internationaux s'étant considérablement diversifisés (industries et services), ceux-ci perdent de plus en plus de pouvoirs au détriment de groupes internationaux, de firmes d'audits ou d'avocats d'affaires.
Comme le souligne l'économiste malais Andrew Sheng dans un entretien lucide donné au Figaro en avril 2018, les Etats d'occident n'ont pas de stratégie à long terme et se retrouvent piègés par leurs systèmes politiques très focalisés sur le court terme. La diplomatie permet de l'infuence mais aussi de s'ouvrir à d'autres cultures et façon de voir dont l'Occident ferait bien de s'inspirer.
L'exemple typique : faut-il rattacher les missions économiques françaises à Bercy ou au quai d'Orsay ? Est-ce plus de la diplomatie ou de l'économique que de conseiller des entreprises françaises à l'étranger ?
La diplomatie est-elle véritablement un pouvoir ou bien un moyen pour celui-ci ? Mais un moyen pour faire quoi à une époque presque heureuse d'absence de conflits majeurs ? La DGSE pour les questions de sécurité et Bercy ne sont-ils pas suffisants ? Il reste ensuite l'influence culturelle, le "soft power", avec des perspectives à plus long terme mais stratégiques. Dans l'histoire, la diplomatie était une sorte d'annexe aux forces militaires, à l'usage de la [Force].
CHAPITRE 13 - DIPLOMATIE
RESEAUX DIPLOMATIQUES - LISBONNE - LE MYTHE DE LA COMMUNAUTE INTERNTATIONALE - PREMIERE GUERRE MONDIALE - DEUXIEME GUERRE MONDIALE - CONFERENCE DE BANDUNG - GUERRE DES SIX JOURS DE 1967
Lisbonne, un traité et des espions
Lisbonne, la plus occidentale des capitales d'Europe fait penser à San Francisco par la présence du pont du 25 avril permettant de relier les deux rives du Tage. Ce pont, long de près de 2,3 km, fût construit en 1966 par les américains de l'American Bridge, l'acier étant fournit par la United States Steel Export Company. Premier signe de coopération transatlantique. Pendant la seconde guerre mondiale, Lisbonne remplissait un rôle particulier, celui de point de rencontre -en terrain neutre- entre espions anglais, français, américains, allemands et russes. Les séjours de Jean Moulin à partir de 1941 demeurent encore mystérieux pour les historiens [1]. On sait aussi que Ian Fleming, futur créateur du personnage de James Bond, travaillait pour la division Naval Intelligence de la Grande-Bretagne au Portugal à cette période.
La diplomatie se mélange à de l'espionnage, du politique, des relations d'affaires et souvent aussi des histoires personnelles invraissembables, à tel point qu'il est impossible de s'y retrouver globalement. Quelques ouvrages d'historiens, à supposer qu'ils soient objectifs, apportent quelques faiseaux d'indices mais c'est tout. Peut-être un jour une intelligence articifielle se chargera de faire des recoupements à partir d'archives papiers numérisées, à supposer qu'elles ne contiennent pas d'erreurs, et de témoignages. En attendant, les histoires petites et grandes doivent être considérées avec prudence.
Traité de Lisbonne
Quels sont les événéments qui ont rythmé les dernières décennies ?
Les futures guerres
Les pollueurs ?
Les ONG sont-elles toutes des bureaucraties ou des officines ?
11 septembre 2001
John ONeil
Il n'y a pas de communauté internationale.
Guerre mondiale
ONU
Theillard de Chardin / Point Omega
Salle de méditation voulue par le second SG, le suèdois Dag Hammarskjold (salle de médiation, assassinat, ami WH Auden, poète cité dans 4 mariages et un enterrement)
Conférence de San Francisco en 1945
Faisant suite à la conférence de Yalta, création de l'ONU. Georges Bidault président de la délégation française. Maintien du français comme langue officielle avec le soutien d'Haïti.
Inspiration Gene Rodenberry puisque le siège de conseil de la Fédération se trouve aussi à San Francisco.
Conférence de Bandung
Sans refaire toute l'histoire nous passons du monde bipolaire de l'après seconde guerre mondiale (Etats-Unis, Russie) à un monde multipolaire (Etats-Unis, Russie, Europe, Chine etc) se dessinant progressivement dans le chaos depuis la chute du mur de Berlin.
Chine et OMC (Organisation Mondiale du Commerce)
En 2003, La Chine entre dans l'OMC sous le mandat de Bill Clinton. Ce qui veut que le pays accède au marché mondial avec des tarifs douaniés suffisament bas pour être très actractifs à l'exportation. Sans compter la capacité des chinois à renoncer à des droits sociaux ce qui va rendre la compétition injuste. Les libéraux se rassurent en se disant qu'un partage des miettes est toujours mieux que rien.
Des pays dont les sytèmes de valeurs diffèrent des occidentaux accèdent à plus de richesses, donc de puissance. Sous couvert du libre échange, certe créateur de richesses pour tous, les occidentaux ont renoncé à imposer leur vision du monde aux autres. Certes, le développement de la civilisation occidentale s'est fait dans un bain de sang mais donner les clés à d'autres civilisations n'est pas sans risque. Quel est le sens d'enrichir les monarchies du golfe, les dictatures d'Indonésie ou des Philippines, le parti communiste chinois....?
Counsil of Foreign Relations et son journal Foreign Affairs : créé en 1921 et dont l'un des objectifs était de tenir au courant les américians des enjeux (p477) dans le monde pouvant avoir une influence directe sur leur vie.
Europe, postes clés occupés par des allemands :
Chef de cabinet du Président de la Commission
Secrétaire Général du Conseil de l'Union Européenne
Rome et Etats-Unis
"Il y a plus qu'un air de famille entre les pionniers du Tibre et les apprentis du Potomac qui y vont à reculons. Le prosaïsme, le refus des dogmes, des abstractions, un inébranlable optimisme historique, une bienfaisante inaptitude à la mélancolie, le génie de la logistique, le respect de l'ingénieur, le signe de la valeur n'est pas dans l'ancienneté mais dans le neuf...
Traité de Westphalie
Acte juridique fondateur de l'Europe entérine la séparation des religions et de l'Etat : Monarchies et Républiques vont alors cohabiter en Europe. Le traité organise la navigation en Europe.
Congrès de Vienne de 1815 après les Guerres Napoléoniennes.
Les engagements internationaux et politique ont de répercussion industrielles. Les diplomates doivent être sensibilisés aux enjeux.
1967, l'humiliation subie par les peuples arabes
Malek Chebel sur la haine de soir, Saul Friedländer sur l'arrogance de 1967.
L'empire européen
Selon Michel Serres...
Les négociations commencent en novembre 1915 et sont menées par François Georges-Picot, ancien consul de France à Beyrouth et délégué à l’ambassade de France à Londres, et par sir Mark Sykes, parlementaire britannique et spécialiste de l’Empire ottoman. Pour la France, les négociations portent sur la Syrie naturelle, territoire s’étendant de la Cilicie au Sinaï, et du littoral méditerranéen à Mossoul. Sykes de son côté, et comme promis à Hussein de La Mecque, estime que la zone française ne peut s’étendre que sur la Syrie du nord, car les villes de Damas, Homs, Hama et Alep sont réservées à Hussein, et la Palestine à la Grande-Bretagne. La France se rend aux arguments britanniques concernant les quatre villes syriennes qui feront partie du royaume arabe, mais sur lequel la France aura une zone d’influence. En revanche, la France refuse que la Palestine soit sous domination britannique. Elle accepte néanmoins le principe de l’internationalisation de la Palestine.
Négociés par Sykes et Georges-Picot, les accords qui portent leurs noms font l’objet d’un échange de lettre entre l’ambassadeur de France à Londres Paul Cambon et le ministre britannique des Affaires étrangères sir Edward Grey. Après plusieurs propositions, un accord franco-britannique est trouvé : l’accord du 16 mai 1916 divise la Syrie et la Mésopotamie en cinq zones : une zone bleue (Syrie littorale et Cilicie) sur laquelle la France peut mettre en place un régime d’administration directe ou un protectorat ; une zone rouge (basse Mésopotamie) où la Grande-Bretagne a les mêmes possibilités ; une zone brune (Palestine) réservée à la France et à la Grande-Bretagne ; une zone A (Syrie intérieure) où la France aura une zone d’influence sur le royaume arabe de Hussein ; une zone B (Mésopotamie moyenne) où la Grande-Bretagne aura une zone d’influence sur le royaume arabe.
Ces accords, qui révèlent toute la complexité des relations franco-britanniques, ne font cependant l’unanimité ni parmi les Français ni parmi les Britanniques. Les Français relèvent en particulier les avantages considérables qu’en retire la Grande-Bretagne sur la Palestine, lui permettant notamment de sécuriser la route des Indes. Pour les Britanniques, les accords placent la France dans une position d’intruse : une Syrie française isolant en effet l’Egypte de la Mésopotamie, au lieu de créer un territoire commun sous influence britannique.
Que veut la Chine de François Godement
Partition de l'Inde et problématique hydraulique de la vallée de l'Indus à partager. L'amont pour l'Inde et les plaines fluviales pour le Pakistan. Les anglais et la ligne de Sir Radcliffe.
Erreur diplomatique avec le financement d'Asssouan. Les américains arrêtent de soutenir l'Egypte qui souhaitait pourtant leur aide pour contrer l'influence britannique sur le nil et le canal de Suez. Conséquence Nasser se tourne ensuite vers l'URSS, et décide de nationaliser le canal en 1956.
NOTES
Notes
[1] On ignorait jusqu'à présent à peu près tout du séjour de Moulin à Lisbonne. Aucun biographe n'ayant jugé bon d'enquêter sur place, l'unique source de renseignement était ses déclarations aux interrogateurs britanniques, à Londres, le 23 octobre. Chapitre 4, Moulin à Lisbonne, Jacques Baynac, Jean Moulin
[] Selon Amin Maalouf, "avec le recul, il apparaît clairement que les Etats-Unis n'ont pas su passer avec succès l'examen difficile auquel l'Histoire les avait soumis. [...] ils se sont montrés incapables de définir un nouvel ordre mondial, incapables d'asseoir leur légitimité en tant que "puissance parentale" et incapables de préserver leur crédibilité morale, qui est probablement plus basse aujourd'hui qu'à aucun autre moment au cours des cents dernières années. Extrait du Naufrage des Civilisations, Grasset 2019.
RESSOURCES
Bibliographie
Vers un nouvel ordre du monde, Gérard Chalian, Editions du Seuil, 2013
Le retour des Etats, Michel Guénaire, Editions Grasset, 2013
Les Diplomates, Franck Renaud, Editions du Nouveau Monde, 2010
La route vers le nouveau désordre mondial, Peter Dale Scott, Editions Demi-lune 2010
L'Edit de Caracalla ou plaidoyer pour les Etats-Unis d'Occident, Xavier de C** et Regis Debray, Fayard, 2002
L'action et le système monde, Thierry de Montbrial, Puf, 2011
Eurabia, l'axe euro-arabe, Bat Ye'or, Jean-Cyrille Godefroy, 2015
L'Europe en première ligne, Pascal Lamy, Seuil Epreuve des faits, 2002
Comprendre la mondialisation, G Lafay, Economica, 2002
Bush, l'Iran et la Bombe, Eric Laurent, Plon ,2007
Quinze ans qui bouleversent le monde : de Berlin à Bagdad, Thierry de Montbrial, Dunod, 2006
A la Maison de verre : l'ONU et ses secrétaires généraux, Romuald Sciora, Saint-Simon, 2006
Diplomatie à la Française, Charles Cogan, Jacob Duvernet, 2009
Le monde est un enfant qui joue, Alexandre Adler, Grasset, 2009
Empire, Michael Hardt, Exils, 2004
Saint-Germain ou la négociation, Francis Walder, Folio, 2004
Irak l'effet Boomrang, Jean-Marie Benjamin Balland, 2015
A la table des diplomates, Collectif Laurent Stefanini, Folio, 2019
Géopolitique du Chaos, Ignacio Ramonet, Folio actuel, 1999
Le grand échéquier, Zbigniew Brzezinki, Bayard, 1997
Le Grand Bazar, Bernard Brigouleix Brunon Delamotte, Michalon, 2003
Le procès de la mondialisation, Edward Goldsmith Jerry Mender, Fayard, 2001
Guide critique de la mondialisation, George Soros, Plon, 2002
Penser global, Edgard Morin, Robert Laffont ,2015
Le grand retournement, Richard Labévière, Seuil, 2006
Enemigos : confessions d'un homme clé du FMI, Ernesto Tenembaum, Danger Public, 2006
Geopoly : coffret, Alexandre Malafaye, Descartes & Cie, 2013
Dans les coulisses du monde, Jean-Marc de La Sablière, Robert Laffont, 2014
Le monde arabe dans les albums de Tintin, (Comprendre le Moyen-Orient) Louis Blin, L'Harmattan, 2016
Le monde est ma tribu, Guy Sorman Fayard, 2014
Un diplomate dans le siècle, François de Rose, De Fallois, 2014
Le naufrage des civilisations, Amin Maalouf, Grasset, 2019
Sur la Chine, fondation Ladanyi
PDF A TELECHARGER - DIPLOMATIE
Pourquoi lls ont voulu l'Europe ? Notre Europe - Jean-Louis Arnaud - 2005
EADS, l'Europe et la Russie - Jean-Louis Constanza - 2006
The Anglo-American Establishment - Carroll Quigley - 1981
China, the United States, and the WTO, CFR - 2001
La Chine pense-t-elle ? - Leçon inaugurale d'Anne Cheng - Collège de France - 2008
Rapport sur le retour de la France dans le CI de l'OTAN - Hubert Védrine - 2012
« Sur le fait général qu'il y ait une évolution, tous les chercheurs […] sont désormais d'accord. Sur la question de savoir si cette évolution est dirigée, il en va autrement. » Père Teilhard de Chardin
Relations avec les américains : Donald Rumsfeld
Le 5 février 2003, son collaborateur Peter Rodman décrypte "l'amertume" des Français : "Notre contre-stratégie - amener l'Europe de l'Est et l'Europe centrale dans le jeu - est en train de l'emporter", se réjouit-il. "Quand les Européens du centre et de l'Est sont non seulement dans l'OTAN mais dans l'Union européenne, c'en est fini du jeu français."
L'Europe manque de dirigeants - Interview de l'ancien chancelier allemand Helmut Schmid
LEMONDE.FR 07.12.10
Depuis de nombreuses années, l'Allemagne mène deux politiques parallèles : attachement à la stabilité monétaire et financière d'une part, engagement à l'égard de l'intégration européenne de l'autre. Avec la crise en cours dans l'union économique et monétaire, estimez-vous que ces deux politiques ne sont plus compatibles ?
Permettez-moi d'abord de dire un mot du contexte politique d'ensemble.
Je ne parlerai pas du gouvernement britannique – il vient d'entrer en fonction et je n'en connais pas les dirigeants. Aussi ma réponse ne concernera pas la Grande-Bretagne.
Mais je dirais que, d'une manière générale, l'Europe manque de dirigeants. Il lui manque des personnalités, à la tête des Etats nationaux ou dans les institutions européennes, qui aient une maîtrise suffisante des questions nationales et internationales et qui fassent preuve d'une capacité de jugement adéquate. Il existe bien sûr quelques exceptions, comme le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, mais le Luxembourg pèse d'un poids trop faible pour jouer un rôle substantiel.
Pour en revenir plus précisément à votre question, je ne pense pas que les Allemands en général ni la classe politique allemande aient renoncé à la stabilité. Les conditions qui ont prévalu en 2008, 2009 et 2010 les ont contraints – comme quasiment tout le monde – à trahir leurs idéaux de stabilité, mais cela n'était pas le résultat de leur libre volonté mais du ralentissement économique.
J'ajouterai que l'actuel gouvernement allemand est composé de gens qui apprennent leur métier sur le tas. Ils n'ont eu jusqu'ici aucune expérience des affaires politiques ou économiques mondiales. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, est un homme auquel je souhaite de réussir et pour lequel j'éprouve un profond respect. Il a une bonne compréhension des problèmes budgétaires et fiscaux. Mais en ce qui concerne les marchés monétaires internationaux, les marchés des capitaux, le système bancaire, la surveillance des banques ou les banques fantômes, tout cela est nouveau pour lui. Il en va de même pour Angela Merkel. Loin de moi l'idée de critiquer M. Schäuble ou Mme Merkel, mais nous avons besoin d'avoir aux postes de responsabilités des gens qui comprennent le monde économique d'aujourd'hui.
Certains pensent que le problème est plus profond que cela. D'après eux, ce fut une erreur fondamentale dès le départ de s'engager dans une union monétaire sans procéder à une union politique, sans même avoir une perspective d'union politique.
C'est ce que la Bundesbank répète depuis trente ans. Au fond d'eux-mêmes, ces gens sont des réactionnaires. Ils sont hostiles à l'intégration européenne.
A qui pensez-vous exactement ? Qui avez-vous en tête, puisque des hommes comme Hans Tietmeyer [président de la Bundesbank de 1993 à 1998] ne jouent plus un rôle important…
Mais ses successeurs, à une exception près peut-être, ont des positions réactionnaires vis-à-vis de l'intégration européenne. On ne peut pas vraiment dire qu'ils ont une pensée libérale. Ils ont une tendance excessive à agir et réagir en fonction des seuls intérêts nationaux et n'ont pas compris la nécessité stratégique de l'intégration européenne.
On connaît l'expression: "Beim Geld hört die Freundschaft auf" [l'amitié s'arrête avec l'argent]. On a le sentiment que l'on demande aujourd'hui aux Allemands, en tant que collectivité, de venir en aide aux Etats moins fortunés. Et les Allemands ont beaucoup de mal à l'accepter.
L'erreur a été commise à l'époque de Maastricht, en 1991-1992. L'Europe comprenait alors douze Etats membres. Et ceux-ci ne se sont pas contentés d'inviter les autres pays à entrer dans l'Union européenne, ils ont également inventé l'euro et invité chacun à devenir membre de la zone euro. Or cela a été fait sans préalablement modifier ni clarifier les règles. C'est là que de grandes erreurs ont été commises. Et nous pâtissons aujourd'hui directement des conséquences de cette omission à fixer des règles.
Les Etats de l'Union européenne auraient-ils dû limiter l'euro à un petit groupe de pays ?
C'est mon avis – et ils auraient également dû définir plus précisément les règles de conduite économique des participants. Ce que l'on appelle le pacte de stabilité et de croissance n'est pas un texte ayant force de loi. C'est juste un accord entre gouvernements. Et il est très regrettable qu'au début de ce siècle, la France et l'Allemagne aient enfreint les règles de ce pacte. Mme Merkel voudrait corriger ces erreurs, mais ses chances d'y parvenir sont faibles, notamment parce qu'elle manque de sens diplomatique.
En son for intérieur, Hans Tietmeyer ne voulait pas que les Italiens entrent dans l'union monétaire. Dans les années 1990, vous l'aviez critiqué en le qualifiant de nationaliste allemand parce qu'il affirmait que l'Europe avait besoin d'un noyau dur. N'est-ce pas précisément ce que vous recommandez à présent ?
Beaucoup de choses se sont passées entre-temps – la mondialisation de la spéculation, la mondialisation de l'argent et des marchés des capitaux, la mondialisation des instruments financiers. Nous avons assisté au rejet du projet de Constitution européenne, nous avons conclu ce complexe traité de Lisbonne. Beaucoup de choses se sont passées et, dans le même temps, les personnalités capables de jouer un rôle dirigeant se sont faites de plus en plus rares. Jacques Delors était quelqu'un de très important. Il a été remplacé par des gens dont personne ne connaît vraiment le nom.
Il s'est passé la même chose au niveau des secrétaires permanents, des commissaires, des premiers ministres et de… comment s'appelle-t-il déjà… Van Rompuy ? Lequel a paraît-il une secrétaire aux affaires étrangères – une Anglaise dont on peut aisément se passer de connaître le nom. La même chose est vraie, plus ou moins, du Parlement européen. La seule personnalité qui émerge dans les institutions européennes est Jean-Claude Trichet. J'ignore s'il est en position de force au sein de la Banque centrale européenne, mais autant que je puisse en juger, il n'a commis jusqu'ici aucune erreur notable.
Mais son temps est compté. Son mandat s'achève fin octobre 2011 et ne peut être renouvelé.
Oui, je sais. Mais il est totalement indépendant. D'une certaine manière, cela pourrait lui permettre de s'exprimer en toute liberté. Le problème est de savoir qui lui prêtera attention alors qu'il doit quitter son poste dans moins d'un an.
[Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a déclaré que les nouvelles règles représentaient "un renforcement fondamental des normes mondiales de fonds propres".]
La Grèce et le Portugal ont intégré l'union monétaire avec une balance extérieure nette plus ou moins égale à zéro : leurs actifs extérieurs et leurs dettes extérieures étaient plus ou moins équivalents. Ensuite, ils ont enregistré chaque année pendant une dizaine d'années des déficits des comptes courants équivalant à 10 % de leur PIB. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que leur dette extérieure nette atteint aujourd'hui 100 % de leur PIB.
La question qu'il faut se poser est : comment se fait-il que personne n'ait rien remarqué – ni à Bâle [siège de la Banque des réglements internationaux], ni à Bruxelles, ni dans un quelconque bureau des statistiques ? Personne ne semble avoir compris.
Soit dit en passant, pendant une longue période, l'élite politique allemande n'a pas compris que nous enregistrions des excédents dans nos comptes courants. Nous, Allemands, faisons la même chose que les Chinois – la grande différence étant que les Chinois ont leur propre monnaie, ce qui n'est pas notre cas. Si nous avions notre propre monnaie, elle aurait été réévaluée à l'heure qu'il est.
Garder le deutschemark, comme le souhaitait Tietmayer, aurait, au moins une fois sinon deux au cours des vingt dernières années, provoqué une spéculation contre le deutschemark d'une ampleur pire que ce à quoi nous avons assisté avec la Grèce ou l'Irlande.
Jusqu'à présent je reste totalement favorable à l'idée d'une monnaie commune, même si les dirigeants européens ont échoué à fixer des règles et ont commis l'énorme erreur d'accueillir n'importe qui.
Je pense qu'il existe une probabilité d'au moins 51 % pour qu'au cours des vingt prochaines années on voie émerger un noyau dur au sein de l'Union. Ce noyau comprendrait les Français, les Allemands, les Néerlandais – pour ce qui est des Italiens, j'ai quelques doutes. Je suis pratiquement sûr que les Britanniques n'en feront pas partie, et la même chose pourrait être vraie des Polonais. Il ne s'agirait pas d'un noyau dur défini par des documents écrits, mais d'un noyau dur de facto, pas de jure. Et, bien entendu, on y trouverait les Etats du Benelux, l'Autriche, et probablement le Danemark et la Suède…
Je sais que vous avez souvent déclaré que, si les Allemands gardaient le deutschemark, ils se rendraient très impopulaires auprès du reste du monde ; leurs banques et leur monnaie seraient les nos 1 mondiaux, tous les autres pays seraient contre eux, et c'est pourquoi l'Allemagne devrait adopter l'euro afin de s'intégrer à une vaste dynamique européenne.
Tout cela est assez ironique, parce que certains disent que l'Allemagne a beaucoup profité de l'euro du fait que le deutschemark a été maintenu à un niveau faible, et que cela a aidé les exportations allemandes… Je me demande si le soi-disant bénéfice que nous avons retiré de l'adoption de l'euro est réellement un bénéfice.
Je me demande si le fait de présenter des excédents permanents des comptes courants constitue vraiment un avantage. Sur le long terme, cela n'a rien d'avantageux… parce qu'à long terme ces actifs devront être dépréciés car ils ne seront pas remboursés… Oui… cela signifie que vous vendez des marchandises et que tout ce que vous obtenez en échange, c'est de la monnaie papier qui sera un jour ou l'autre dévaluée, et que vous devrez rayer de votre bilan. C'est pourquoi vous privez votre propre pays de produits que, dans d'autres circonstances, la population aimerait consommer.
Diriez-vous que dans vingt ans, au cas où un noyau dur émerge, la monnaie serait plus forte qu'aujourd'hui ?
Ce noyau dur ne se limiterait sans doute pas au domaine des monnaies, mais interviendrait probablement sur le terrain de la politique étrangère à mener par exemple vis-à-vis de la Chine, de l'Iran, de l'Afghanistan ou d'une nouvelle coalition d'Etats musulmans. La constitution d'une telle coalition de pays musulmans est l'un des grands dangers du XXIe siècle. Si un président américain voulait larguer une bombe atomique sur l'Iran, les Européens seraient suffisamment forts pour refuser de se ranger aux côtés de Washington. Aujourd'hui, en Europe, personne n'est assez puissant pour pouvoir prendre une telle position.
Parlons un peu de la France. Les Français penchent en permanence dans deux directions contradictoires – vers le Sud, mais aussi vers l'Allemagne. Pensez-vous que l'on puisse dire de façon irréfutable que la France choisira toujours de se ranger aux côtés de l'Allemagne dans une union monétaire plus resserrée et plus compacte ?
C'est difficile à dire. J'en estimerais la probabilité à 51 % – ce qui laisse 49 % d'incertitude. Je ne suis pas prophète. Je ne sais pas. Cela dépend beaucoup du comportement des Allemands. A l'époque où j'étais au pouvoir, je laissais toujours les Français me précéder sur le tapis rouge. Je ne suis jamais apparu comme leader, sauf une fois – au sujet des missiles nucléaires à moyenne portée qui étaient braqués sur les villes allemandes –, et cela m'a finalement coûté mon poste.(...)
[Les chefs d'Etat ou de gouvernement des neuf pays du Marché Commun posent ensemble sur le perron de l'Elysée, le 10 décembre 1974 à Paris, à l'occasion d'un sommet des neuf. De gauche à droite: le premier ministre belge Léo Tindemans, le chancelier allemand Helmut Schmidt, le premier ministre luxembourgeois Gaston Thorn, le Premier ministre britannique Harold Wilson, le président du conseil italien Aldo Moro, le président français Valéry Giscard d'Estaing et le président irlandais Cearball O'Dalaigh et le premier ministre hollandais Johannes Den Uyl.]
Les chefs d'Etat ou de gouvernement des neuf pays du Marché Commun posent ensemble sur le perron de l'Elysée, le 10 décembre 1974 à Paris, à l'occasion d'un sommet des neuf.
Dans le passé on avait l'habitude de dire: "Nous ne voulons pas une Europe allemande, mais une Allemagne européenne" [Wir wollen kein deutsches Europa sondern ein europaisches Deutschland]. Pourtant beaucoup trouvent aujourd'hui qu'en raison de son importance comme principal pays créancier d'Europe, l'Allemagne fait trop sentir son poids en Europe.
J'ai l'impression que Merkel n'en a pas conscience.
Il est possible qu'en tant que créancier, vous vous sentiez vulnérable, que vous ayez l'impression que vos actifs vont être dépréciés. Peut-être n'est-ce pas très souhaitable d'être un créancier, car cela vous rend impopulaire. Peut-être que cela signifie aussi que votre solde en banque, vos réserves seront toujours moins élevés que vous l'aviez cru, du fait que les gens ne vont pas être capables de rembourser leurs dettes…
Cela va bien au-delà de la question des monnaies et des réserves de devises. Et donc cela a à voir avec la psychologie… Je parle de la psychologie des nations, de leurs opinions publiques et des options qu'elles affichent publiquement. [A cause des nazis et de la seconde guerre mondiale] l'Allemagne aura une dette à payer pendant encore très longtemps – durant tout le XXIe siècle et peut-être même le XXIIe. Il est un fait que les Allemands se comportent parfois comme s'ils étaient les plus forts, ils ont tendance à donner des leçons à tout le monde. En réalité, ils sont plus vulnérables qu'ils ne croient.
Pourtant les Allemands eux-mêmes ne se sentent pas aussi forts que cela, j'ai l'impression que l'homme de la rue se sent quelque peu incertain, les salaires en termes réels sont sous pression depuis de nombreuses années. Je crois que l'Allemand moyen ne se sent ni fort ni assuré.
C'est probablement exact. Mais cela ne s'applique pas à la classe politique. Cela ne s'applique pas nécessairement à l'aile droite des chrétiens-démocrates. Et cela ne concerne pas nécessairement l'extrême gauche.
L'Europe pensait qu'elle allait pouvoir éviter les crises en se débarrassant de ses taux de change intérieurs et en créant l'union monétaire. Mais il apparaît aujourd'hui qu'en raison de la mondialisation de la finance, les spéculateurs vont désormais attaquer les "spreads" [entre les marchés obligataires des différents pays]. Auparavant ils s'attaquaient aux monnaies, aujourd'hui, ils s'en prennent aux marchés des obligations.
L'un des points les plus faibles de l'économie mondiale est qu'il n'existe aucun contrôle sur le comportement des gestionnaires financiers. Vous pouvez diviser l'humanité en trois catégories. Dans la première, on trouve les gens normaux comme vous et moi. Il a pu nous arriver, dans notre jeunesse, de chaparder une pomme sur l'arbre du voisin ou de voler une tablette de chocolat dans un supermarché. Mais à part cela, nous sommes des êtres humains fiables et normaux. En deuxième lieu, vous avez une petite catégorie de gens ayant un caractère criminel. La troisième catégorie, enfin, est formée des banquiers d'investissement. On y trouve toutes les sociétés de Bourse et leurs opérateurs. Ils opèrent sous des noms différents, mais ils se ressemblent tous.
Et la Grande-Bretagne ? Vous entreteniez d'excellentes relations avec James Callaghan, mais il n'a pas intégré le système monétaire européen. Croyez-vous que nous, Britanniques, ayons eu raison de ne pas entrer dans l'union monétaire ? Je sais que vous pensez que nous resterons en dehors pendant très longtemps et je crois que vous avez raison. Pensez-vous que c'était une décision fondamentalement correcte ?
Fondamentalement, je pense que de Gaulle avait raison – bien avant le système monétaire européen.
Vous voulez dire qu'il avait raison de penser que le Royaume-Uni préférerait toujours les Etats-Unis à l'Europe ?
Pendant longtemps j'ai cru au bon sens britannique et à la raison de l'Etat britannique. J'ai grandi dans une atmosphère très anglophile. J'ai été un fervent partisan d'Edward Heath, qui a fait entrer la Grande-Bretagne dans la communauté européenne. Mais ensuite, il y a eu Harold Wilson, puis Margaret Thatcher, qui ne se sont pas toujours comportés de façon aussi judicieuse. Et puis nous avons eu Tony Blair, qui s'est placé dans une position de dépendance beaucoup trop grande à l'égard de l'Amérique. Vous ne pouvez à la fois dépendre à ce point des Etats-Unis et jouer un rôle responsable en Europe. Mais les Anglais ont toujours eu le chic pour s'en sortir – et c'est exactement ce que nous sommes en train de faire en Europe : essayer tant bien que mal de nous en sortir.
Le think tank britannique Official Monetary and Financial Institutions Forum (OMFIF)
www.omfif.org
Propos recueillis par David Marsh (traduit de l'anglais par Gilles Berton)
L'Occident n'a pas d'idées pour gérer les enjeux essentiels selon Andrew Sheng
Le retour des Etats
Les civilisations ne peuvent plus être identifiées comme des blocs homogènes. Il n'y a pas de choc des civilisations. Il y a plus sûrement un choc des Etats qui expriment les intérêts de populations, dont la présence sur un territoire donné est sans doute conditionnée par une mode vie ou une sociologie propre, mais qui n'appartiennent plus à des civilisations fermée. Il n'ya plus d'espace limité pour les civilisations.
APEC otobre 2001 : Zemin reçoit Bush et Poutine
Choc des civilisations selon Hungtinton : une vue de L'esprit ou réalité ?
Les traités qui ont fait le Monde
Westphalie
Les traités de Westphalie (ou paix de Westphalie) conclurent la guerre de Trente Ans et la guerre de Quatre-vingts ans le 24 octobre 1648. Ils sont à la base du « système westphalien », expression utilisée a posteriori pour désigner le système international spécifique mis en place, de façon durable, par ces traités.
Les décisions remodèlent l'Europe pour de longues années.
Saint-Empire Romain Germanique (fin en 1806) : L'Empire se trouva ainsi morcelé en 350 petits États, sonnant le glas de la puissance des Habsbourg. Le traité a également érigé par là l’État-nation souverain comme socle du droit international, mettant fin (en théorie) au droit du plus fort. Ce fut une nouvelle conception de la souveraineté.
Versailles
Le traité de Versailles est un traité de paix signé le 28 juin 1919 entre l'Allemagne et les Alliés à l'issue de la Première Guerre mondiale.
Élaboré au cours de la conférence de Paris, le traité fut signé le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles et promulgué le 10 janvier 1920. Il annonça la création d'une Société des Nations(SDN) et détermina les sanctions prises à l'encontre de l'Allemagne et de ses alliés. Celle-ci, qui n'était pas représentée au cours de la conférence, se vit privée de ses colonies et d'une partie de ses droits militaires, amputée de certains territoires et astreinte à de lourdes réparations économiques.
Sèvres
Le traité de Sèvres, conclu le 10 août 1920 à la suite de la Première Guerre mondiale entre les Alliés et l'Empire ottoman, est un traité réalisé durant un contexte de guerre civile initié par le sultan Mehmet VIenvers le gouvernement provisoire nationaliste turc. Il est destiné à mettre en application les décisions relatives aux territoires ottomans prises lors de la conférence de San Remo, s'inscrivant dans la suite des accords secrets Sykes-Picot. Le territoire devait être partagé en zones d'influence au profit des Alliés, mais aussi des minorités kurdes et arméniennes. Il ne fut jamais ratifié par l'ensemble de ses signataires et, provoquant en Turquie un sursaut national autour de Mustafa Kemal Paşa, aboutit à la chute de l'Empire ottoman, à la proclamation de la République turque et à la négociation d'un nouveau traité plus avantageux pour celle-ci : le traité de Lausanne.
Traité de libre échange de 1860 entre L'Angleterre et la France
L'Europe
Mieux valait commencer par Erasmus que par la CECA....
1. Les Empires : une collectivité veut la suprématie (Charlemagne, Romains, Egyptiens) mais il finit par s'écrouler
2. L'Europe des nations ; chacune cherche la suprématie, et se livre à la Guerre dans l'histoire de l'Europe
Les modèles 1 et 2 sont-ils pérennes ?
3. Espèce d'addition, d'agréation, de conglomérat avec beaucoup de défaut mais qui protège quand même des bellicismes