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Dépenses énergétiques en Euros par ménage français par an (2017)L'électricité, Les visiteurs
19# ENERGIE
Une telle importance est bien la raison pour laquelle des guerres surviennent sur les tracés des oléoducs. Les technologies de l'informations reposent sur de l'énergie électrique. La dématérialisation totale (fin du papier) augmente la dépendance. Plus d'électricité, tout se bloque. Avec du papier, on pouvait se débrouiller.
L'énergie est indispensable pour faire tourner le système de télécommunication mais aussi celui des #Transports.
SYNTHESE
> L’énergie d’origine nucléaire apparaît comme la plus compétitive malgré ses défauts mais elle ne peut pas servir à toute la planète pour des raisons de sécurité. Même les pays les plus rigoureux ont été ou seront victimes de failles ce qui ne pardonne pas. En France, pays touristique, un accident nucléaire serait encore plus désastreux qu’en Russie ou aux Etats-Unis dans un endroit isolé.
> L’éolien et le solaire étant peu adaptés à la configuration du territoire français (paysages, ensoleillement), l’hydraulique étant déjà saturé, il est évident que l’enjeu du gaz devient majeur à partir du moment où l’on commence à envisager de réduire le nucléaire et que l’on souhaite arrêter de financer des pays dont l’idéologie islamiste ne va pas dans le bon sens. Le Gaz qui ne peut provenir que de Russie, Norvège, Afrique du Nord ou éventuellement du Moyen-Orient par GNL semblait la panacée.
> Si l’on doit caractériser les énergies les unes parmi les autres, (i) le nucléaire reste un monde assez secret, (ii) les énergies renouvelables un monde d’ingénieurs, d'idéologues et de fournisseurs chinois, (ii) le pétrole se distingue par sa longue histoire, son coté barbouze, et son lien avec la géopolitique, (iii) le gaz fait figure d'un un monde encore mal connu dont les manœuvres, trop récentes, n’ont pas été relatées par des historiens ou des journalistes. Tout se joue à long terme, les petits français ont découvert le gaz naturel avec le dessin animé Méthanie dans les années 80 puis l'ont oublié.
> Un monde trouble
Avec l'énergie, les intérêts sont si élevés, que l'on ne rigole pas # Force. Plusieurs personnages historiques ont disparu dans des circonstances suspectes (Harding, de Margerie, Leclerc, Lawrence) ou clairement assassinés comme Enrico Mattei patron de la compagnie italienne ENI, Sidney Reilly ou l’Alsacien Conrad Killian. Avec une histoire si troublante, l’huile noire ne pouvait qu’inspirer la science-fiction. C’est ainsi que le producteur américain Chris Carter a fait du pétrole une force mystérieuse extraterrestre dans la série X-Files sous la forme d’une huile noire survenant du passé géologique et s’emparant du contrôle d’être humain comme un virus dont le premier symptôme atteint les yeux sous forme de liquide noire. Métaphore pour dire que le pétrole contrôle tout et s'est emparé de nous.
DERNIERS MOIS
JANV22 | Zones de conflits avec pression russe : Ukraine (trajectoire gazoducs) et Kazakhstan, Mali (réserves d'uranium au Niger).
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THEME
LES UNITES DE MESURE, L'ELECTRICITE – CONSOMMATION D’ENERGIE, QUELS BESOINS ? - APPROVISIONNEMENT : LES DIFFENTES FORMES D’ENERGIES PRIMAIRES, LES RESERVES - DETECTION & EXTRACTION - TRANSPORTS DU PETROLE ET DU GAZ - PRODUCTION D’ENERGIE, COMMENT CA MARCHE ? - POLLUTION : L’ENJEU CO² MAIS PAS QUE – COMPARAISON DES COUTS PEU TRANSPARENTE – INSTITUTIONS, ASSOCIATIONS & LOBBY – PROBLEMATIQUES INDUSTRIELLES ET FINANCIERES : LES MAJORS – LES EMPLACEMENTS STRATEGIQUES : DETROITS & PASSAGES PIPELINES - GEOPOLITIQUE DES ETATS
CHAPITRE 19 - ENERGIE : MUTATIONS
LES UNITES DE MESURE, L'ELECTRICITE – CONSOMMATION D’ENERGIE, QUELS BESOINS ? - APPROVISIONNEMENT : LES DIFFENTES FORMES D’ENERGIES PRIMAIRES, LES RESERVES - DETECTION & EXTRACTION - TRANSPORTS DU PETROLE ET DU GAZ - PRODUCTION D’ENERGIE, COMMENT CA MARCHE ? - POLLUTION : L’ENJEU CO² MAIS PAS QUE – COMPARAISON DES COUTS PEU TRANSPARENTE – INSTITUTIONS, ASSOCIATIONS & LOBBY – PROBLEMATIQUES INDUSTRIELLES ET FINANCIERES : LES MAJORS – LES EMPLACEMENTS STRATEGIQUES : DETROITS & PASSAGES PIPELINES - GEOPOLITIQUE DES ETATS
L’Energie donne le pouvoir de rendre possible de nombreuses actions à condition de trouver le bon équilibre entre d’un côté les propriétaires / producteurs de # Matières Premières, qu’elles soient fossiles ou minérales pour la fabrication de composants, et de l’autres les consommateurs aussi bien les # Populations que les [Entreprises]. Les [Etats-nations] veillent sur cet équilibre par le truchement de la # Diplomatie et parfois l’usage de la [Force] en fonction des connaissances du moment # Science et des capacités industrielles des [Entreprises], tout en essayant de ne pas trop dépendre d’elles.
Imaginez qu’en plein hiver les réseaux électriques de pays européens interconnectés commencent à défaillir les uns après les autres en entraînant un gigantesque black-out de plusieurs jours. C'est l’histoire du roman de l’écrivain allemand Marc Elsberg, Black-out paru en 2012 [1]. Est-ce possible ou bien est-ce de la Science-Fiction ? Il s’inspire d’un fait réel dont peu de gens se souviennent : en 2006, une coupure de courant provoquée par un incident en Allemagne a privé des millions d’italiens d’électricité pendant plusieurs heures. La difficulté avec l’électricité, son réseau de distribution plus spécifiquement, réside dans l’équilibre qu’il faut maintenir entre production et consommation instantanés de cette électricité. Car, il faut le rappeler, on ne sait pas la stocker en grande quantité [2]. Une zone consommatrice qui se déconnecte d’un seul coup, ce sont alors plusieurs zones de production qu’il faut déconnecter d’urgence. Il faut donc arrêter des centrales de production d’électricité ce qui pose des difficultés techniques surtout pour les centrales nucléaires. Tous les enjeux autour de l’électricité mais plus largement autour de l’énergie reposent sur cet équilibre offre et demande à la fois techniquement mais aussi financièrement # Finance [3]. C'est ici que réside un des gros points des Etats-Unis : un réseau électrique vétuste et mal copiloté entre l'Etat fédéral et les Etats. En résulte aussi un réseau mal entretenu (Pacific Gas & Electric) qui provoque des incendies dramatiques comme Dixie en 2021 ou Paradise Fire en 2020.
Difficile de s’y retrouver sans recourir à des analyses fondées sur des sources fiables et désintéressées de tout enjeu économique ou idéologique. Qui peut croire sans être naEntreprises] industrielles lobbyistes ? Qui fait confiance à des idéologues pour lesquels les faits passent après la cause # Système intellectuel. En 2002, un article d'un grand quotidien français évoquait la future dépendance des Etats-Unis au pétrole du Moyen-Orient en 2020. Il n'en a rien été et l'auteur ne faisait pas une seule fois allusion à l'alternative possible des pétroles et gaz de schistes pourtant déjà connue. Pas sérieux. Pour comprendre, il faut aussi maîtriser des notions techniques, économiques, industrielles, et connaître les enjeux géopolitiques qu’il y a derrière.
Les principaux besoins énergétiques se répartissent en deux grandes catégories : les [Transports], souvent sous forme de carburant pour véhicules, et l’habitat [Immobilier] pour le chauffage au fioul, gaz ou électrique. C’est la raison pour laquelle les enjeux « énergie-transport-logements-écologie » doivent être appréhendés ensemble. En France, l’existence d’un Ministère du Développement Durable englobant selon les années le ImmobilierEnergieransports] montre une forme de cohérence a priori utile pour les traiter correctement [4].
Evidemment les [Populations] ne s’en préoccupent pas, sauf, de temps en temps, en cas de hausse démesurée des prix à la pompe ou de la facture d’électricité. Pourtant l’énergie représente une part significative du budget d'un ménage (chauffage, carburant, électricité). Le coût du kWh électrique se situe en France autour des 0,15€, mais qu’est-ce que cela veut-il dire ?
LES UNITES DE MESURE, L'ELECTRICITE
Avant d’examiner les logiques de consommation et de facturation d’énergie, il faut d’abord connaître un minimum le vocabulaire pour la mesurer puis ensuite bien comprendre l'électricité. Bien plus difficile à comprendre que celle d’une vitesse, la mesure de l’énergie fait appel à de nombreuses notions. On doit imaginer de la chaleur et une force cinétique. La mesure de l’énergie s’exprime d’abord en Joule. Mais à quoi donc correspond un Joule ? La réponse n’est pas si facilement compréhensible : il s’agit du travail d’une force motrice d’un newton dont le point d’application se déplace d’un mètre dans la direction de la Force. Il faut donc savoir ce à quoi correspond un newton : c’est une force capable de communiquer à une masse de 1 kg une accélération de 1 m par seconde toutes les secondes (on parle alors de secondes carrées pour une accélération ce qui est différent d’une vitesse). Voilà ce qui mesure cette énergie si utile à faire fonctionner les moyens de transports et chauffer les habitations. Pour se rendre compte et comparer voici quelques exemples du niveau d’énergie correspondant à des actions simples :
-1 Joule : énergie requise pour élever un objet de 100 g d’un mètre dans le champ de pesanteur terrestre
-4,8 Joules : pour élever la température d’un g d’eau de 1 degré C°
-1000 Joules : 10 secondes de chaleur corporelle
-1 M de Joules : 17 minutes de chauffages par un radiateur de 1000 W
-42 Milliards de Joules : sont équivalents à 1 tonne de pétrole (1 tonne équivalent pétrole, tep)
Le joule (J) constitue l’unité de référence de mesure de l’énergie mais c’est la tep qui s’est imposée dans la plupart des bilans énergétiques reflétant ainsi l’importance économique et politique du pétrole.
L’énergie désigne une capacité d’action. Une action peut avoir différentes formes, il y a donc différents types d’énergie [5] et notions dont (i) le watt, (ii) le pouvoir calorifique et (iii) le rendement très utile pour comparer les énergies entre elles.
(i) Le watt (W) : une mesure de puissance installée d’un dispositif de production électrique. Un watt correspond à la transmission uniforme d’un joule sur une seconde. Ainsi, une machine d’une puissance de 60 watts pourra transmettre 60 joules en une seconde. Quelques milliers de Watt (kWh) correspondent plutôt au niveau de consommation annuelle d’un ménage et quelques millions (MW) à la capacité de production annuelle d’énergie ou d’électricité d’une centrale. Un aspirateur a une puissance moyenne de 1,5 kW (1500 W), fonctionnant 1h consommera 1,5 kWh.
(ii) Le pouvoir calorifique désigne la quantité d’énergie produite lors de la combustion d’une matière première [6]. Il permet de les comparer entre elles afin de connaitre et de savoir quel combustible produit le plus de chaleur énergie lors de sa combustion. Il s’exprime en quantité de chaleur par quantité de combustible : pour le bois énergie en kWh/kg, le gaz naturel en kWh/m3, le gaz propane en kWh/kg, le charbon en kWh/tonne et le fioul domestique en kWh/litre.
(iii) Rendement : il exprime le rapport entre la valeur énergétique d'une masse de matière produite et la valeur énergétique ingérée pour produire cette masse. Il reflète la capacité d'une machine ou d'un matériau à fournir de l'énergie et mesure ainsi son efficacité énergétique.
CONSOMMATION D'ENERGIE : QUELS BESOINS ?
Pour comprendre combien cela coûte, il faut s’intéresser à ce dont on a besoin pour produire de l’énergie. Le soleil étant la source avant toutes les autres, directement (photovoltaïque, vents) et indirectement historiquement avec les énergies fossiles, matières organiques ayant accumulées de l’énergie solaire par photosynthèse et s’étant décomposées depuis des millions d’années. Les hydrocarbures sont générés à partir de la sédimentation des matières enfouie dans le sol qui se transforme d’abord en «kérogène» sous l’effet de la pression et de la température. Lorsque la température augmente (50 à 120°C), le kérogène se décompose lors d’une phase de pyrolyse qui expulse deux hydrocarbures : le gaz naturel et le pétrole formant dans une roche imperméable, un gisement souvent entre 1,5 et 3 km de profondeur.
Comme rien ne se perd, ni rien ne se crée, il faut donc raisonner d’abord énergie primaire et finale pour tout simplement mesurer une quantité d’énergie disponible avant production puis l’énergie finalement consommable par l’utilisateur après parfois déperdition liée au processus de production des centrales thermiques et au transport dans certains cas [Planche bilan énergétique de la France]
L’énergie primaire doit être la première forme rencontrée à savoir : la chaleur pour les énergies fossiles, l’électricité pour le reste comme le nucléaire, l’hydraulique, l’éolien et le solaire photovoltaïque.
L’énergie finale résulte des processus de production d’énergie, c’est la quantité d’énergie disponible pour l’utilisateur final. Il existe aussi une énergie dit grise qu’il faut prendre en compte car elle permet de quantifier l’énergie consommée sur l’ensemble des procédés pour fabriquer cette énergie. C’est un point crucial car certaines énergies paraissent écologiques à première vue alors qu’en fait, elles sont trop énergivores ou salles à produire.
La production d’énergie, en amont, dépend nécessairement des besoins en aval, de leur quantité, de leur variabilité, des lieux de consommations et de nouvelles contraintes comme le respect de la [Biosphère]. L’histoire montre qu’il se succède plusieurs vagues pendant lesquelles une énergie a dominé : le charbon au XIXème siècle, le pétrole au XXème, puis le gaz puis enfin les énergies renouvelables au XXIème siècle.
De l’énergie, il en faudra toujours même en améliorant l’efficacité énergétique. « On aura toujours besoin de pétrole » écrivait déjà Marcel Proust dans Le côté de Guermantes en 1920. Même sans pétrole, la question de l’énergie se posera toujours avec ou sans économies. En Allemagne, les efforts portés à la rénovation énergétique des bâtiments dans les années 2000 n’a finalement pas servi à réduire la facture énergique car les ménages ayant réalisé des économies en ont justement profité pour consommer plus et donc utiliser tout autant d’énergie qu’avant.
Si l’on regarde les chiffres de l’évolution de la consommation d’énergie dans le monde [Planche consommation], la demande mondiale a augmenté de près de 20% lors de la décennie 2009-2019, la Chine tirant à elle seule la moitié de cette croissance avec 46% de consommation supplémentaire. La Chine faisant face à une forte demande intérieure, elle doit s’assurer d’un approvisionnement suffisant à proximité de son territoire, à savoir en Asie Centrale ce qui la positionne comme rivale vis-à-vis des autres grandes zones de consommateur cliente, en particulier l’Europe. L’Europe et les Etats-Unis, avec une croissance économique assez faible sur la période, ne connaissent pas de hausse significative mais leur mix énergétique, en revanche, évolue tant au niveau des habitudes de consommation avec la moindre utilisation du tandem charbon/pétrole au profit du duo gaz/énergies renouvelables qu’au niveau des prix. Autre facteur important, la volatilité des prix sur les marchés financiers. Un baril qui s’échange autour des, 40 €-100 € entre 2015 et 2020, il peut même faire l'objet de prix négatif comme en 2020 ou plus personne n'en voulait faute de disposer de capacités de stockage libres puisque la consommation s'est effondrée suite au confinement de nombreux pays. [Planche les principales sources d’énergies primaires et leur évolution]
APPROVISIONNEMENT : LES DIFFERENTES FORMES D’ ENERGIES PRIMAIRES, LES RESERVES
La production d’énergie repose sur deux grandes familles de sources d’approvisionnement (hors nucléaire) : i) les matières premières fossiles (charbon, gaz, pétrole) issues de longs processus géologiques impossibles à reproduire à l’échelle humaine, et ii) des énergies dites renouvelables que l’on récupère dans la biosphère sans possibilité d’épuisement (vent et soleil) ou avec épuisement maîtrisable (eau, biomasse). [Planche caractéristiques des énergies fossiles et renouvelables]
Certaines servent à produire plutôt de l’électricité (uranium, charbon, gaz, cours d’eaux avec lacs de rétention) en faisant tourner des turbines (en chauffant de l’eau pour obtenir de la vapeur ou directement en faisant tourner des hélices pour les barrages). Les autres rentrent plutôt dans la fabrication de carburants pour les [Transports] ou de produits pour le chauffage domestique (fioul et gaz).
L’évaluation des coûts production s’avère d’une grande complexité si l’on vise à donner des comparaisons pertinentes. Le coût de la matière première extraite doit intégrer plusieurs variables comme les coûts de recherche/exploration, d’extraction et de transport jusqu’à un site de production ou de distribution. Son prix de vente se détermine ensuite des marchés financiers ce qui le rend volatil et parfois influencé par de la spéculation financière [Finance].
Pour la recherche et l’exploration, il faut savoir que les énergies fossiles proviennent du sol, à des profondeurs de plusieurs centaines de mètres en moyenne. Pour les détecter, il faut un savoir-faire scientifique et des technologies très sophistiqués. Ensuite, pour se les procurer, le procédé mis en œuvre recourt à la géologie puis à la construction de mines souterraines, à ciel ouvert, ou de forages sur terre ou en mer à partir de plateformes. En amont, la capacité à obtenir des permis d’exploration fiables joue tout autant que celle nécessaire pour détecter les ressources. Exxon, le géant pétrolier américain s’était fait rouler par Denis Sassou Nguesso, Président de la RDC dans les années 80 : après leur avoir accord un permis d’exploration c’est finalement Elf, la société française qui a obtenu le permis d’exploitation des gisements Moho.
Charbon dit « vapeur » par opposition au charbon dit « coke » utilisé pour produire de l’acier
Le charbon a été la première des grandes matières premières énergétiques bien avant le pétrole puis le gaz. Il est courant de lire que c’est probablement Marco Polo, l’explorateur croate, qui, le premier en Europe, a remarqué lors de son voyage en Asie que les chinois utilisaient des pierres noires pour chauffer leurs aliments. Le bon vieux charbon ne se présente d’ailleurs pas que d’une seule forme, les cailloux, il regroupe plusieurs familles à teneur en carbone croissante : respectivement la tourbe, la lignite, la houille et l’anthracite. Il existe en grande quantité sur Terre, il n’y a qu’à voir les paysages de tourbières irlandaises de Wicklow Mountains (lieu de tournage du film Braveheart) et le nombre de mines abandonnées ou existantes pour s’en convaincre. Si le principe de son extraction par cassage de cailloux est simple, il a été souvent douloureux physiquement pour les Hommes mais l’exploitation de mines a rendu possible la révolution industrielle au XIX siècle.
Le charbon symbolise alors les classes populaires d’ouvriers mineurs dont les conditions de travail étaient dangereuses et déplorables. En France ils habitaient des corons, petites habitations spartiates dont le chanteur Pierre Bachelet a tiré une chMusique devenue l’hymne du club de foot de Lens # Sport. Emile Zola en a fait un roman, Germinal paru en 1885. Le charbon faisait clairement partie de la [Culture] de l’époque. Dans les années 2010, il est devenu l’énergie du pauvre pour les pays en voie de développement (disponible partout à moindre coût) ou des antinucléaires (Allemagne, centrales à lignite).
Pétrole, l’or noir
L’or noir, star des énergies fossiles, devait atteindre un pic de production dans les années 2000. (dit Pic de Hubbert). Il présente lui aussi plusieurs formes dont les caractéristiques impactent évidemment les modalités de son extraction : plus il est facile à récupérer, moins il nécessite de traitement, moins il est cher. L’unité de mesure reste le baril dont la contenance a été conservée depuis les premiers modèles alsaciens issue de l’extraction à Pechelbronn (159 litres). C’est en Pennsylvanie, pays de la forêt de Penn [7], que l’histoire de l’exploitation du pétrole aux Etats-Unis démarre à point nommé à un moment où les besoins d’éclairage n’arrivent plus à être satisfaits. Le pétrole jaillit pour la première fois près de Titusville le 27 août 1859, d’un forage entrepris par Edwin Drake bien après le puit alsacien creusé en 1745.
Le pétrole brut (crude oil en anglais) le plus recherché se fait référencer sous l’appellation WTI (West Texas Intermediate). Il sert de référence au marché mondial mais il existe aussi une deuxième référence, européenne avec le Brent de la mer du Nord, plus lourd, moins facile à raffiner que le WTI et portant sur des petits volumes.
L’essentiel du pétrole provient du Moyen-Orient, éloigné des zones de consommations européennes, américaines et même chinoises. Golda Meir, premier ministre d’Israël de 1969 à 1974, racontait, parait-il en plaisantant, que Moïse s’était trompé de coté en quittant l’Egypte pour le seul endroit du Moyen-Orient sans pétrole : Israël. Il est vrai qu’il y en a à peu près partout ailleurs. A l’époque babylonienne, le sol suintait déjà à certains endroits de matière noire visqueuse. La prospection de l'eau, entreprise sous l'égide du millionnaire américain Charles R. Crane, missionné le Président Wilson dans les années 1920, a ensuite débouché sur celle du pétrole. Ibn Saoud voulait de l'eau et s'était aperçu que l'aide américaine commençait à être efficace au Yemen grâce à l'ingénieur Karl Twitchell.
Le pétrole de schiste est devenu une alternative crédible au pétrole depuis les années 2000. Si certains pensaient qu’il n’y avait pas d’alternative au pétrole du Moyen-Orient, ils se sont bien trompés. En 2002, un article du Monde soutenait cette thèse sans imaginer que 20 ans après les américains allaient devenir autosuffisants. Moins connu que le gaz du même nom, les réservoirs compacts de pétrole de schiste se trouvent dans des roches poreuses du sous-sol. L’Etats-Unis qui dépendaient du Moyen-Orient pour leur approvisionnement y ont recourt massivement surtout depuis le début des années 2010 : en 2020, l’industrie américaine extrait 9,5 millions de barils de pétrole de schiste par jour, ce qui représente plus de 75% de la production américaine, qui dépasse les 12 millions de barils par jour. Malheureusement ce type pétrole pose d’énormes problèmes de pollution des sols et d’émission de CO² et de méthane. Pour l’extraire, il faut forer entre 3 à 5 km mètres, soit environ trois fois plus que pour des hydrocarbures conventionnels. Il est ensuite nécessaire d’injecter de l’eau et des additifs chimiques à très haute pression dans la roche pour fissurer la roche et récupérer le pétrole, c’est la fracturation hydraulique. Pour exploiter du pétrole ou de gaz de schiste, le cours de pétrole doit être au minimum de 30 $.
Gaz (marché plutôt régional)
Le Gaz naturel, moins utilisé que le pétrole et le charbon provient lui aussi des roches poreuses du sous-sol, il est composé d’hydrocarbures comme le méthane, le propane, le butane, l’éthane et le pentane. Il est dit thermogénique lorsqu’il provient de la transformation de matière organique sous l’effet de la pression et de la chaleur et il est dit biogénique lorsqu’il est généré à partir de la fermentation de bactéries présentes dans les sédiments organiques.
Selon la profondeur et les types de gisements, le gaz peut être conventionnel (80% de taux de récupération) ou non conventionnel (20%). Cela dépend de sa difficulté d’extraction et des techniques d'exploitation. A l’inverse des gaz conventionnels piégés dans un gisement facile d’accès, les gaz non conventionnels sont difficiles à extraire. Après l’extraction, il faut purifier le gaz : 1 à 15 euros par MWh, en fonction des conditions d’extraction et de la nature du gaz (selon taux d’acides sulfurés).
Après la phase d’exploration, l’extraction du gaz nécessite des infrastructures complexes. Cependant, une fois le gisement foré, le gaz conventionnel qui est naturellement sous pression remonte facilement à la surface. Il est ensuite traité et épuré (élimination des composés soufrés et du CO2) afin d’être commercialisé. Le gaz est naturellement inodore mais depuis un accident meurtrier en 1937 aux Etats-Unis, un odorisant chimique est ajouté afin de le détecter en cas de fuite.
Le cas particulier de l’Uranium pour le nucléaire
En marge des grandes sources d’énergies fossiles, il existe l’uranium utilisé par l’industrie nucléaire. Cette technologie étant réservée à peu d’[Etats-nations] pour le nucléaire civile, elle reste confidentielle en volume. La France s’approvisionne principalement en Afrique (mines d’Arlit du Niger). Avec peu d’uranium, il est possible de produire beaucoup d’énergie, mais du coup, la dépendance à cette matière première oblige les Etats-nations à sécuriser, eux même, les quelques mines actives c’est à dire mobiliser la [Force] militaire.
Les principales mines (souterraine, à ciel ouvert ou ISL, nom d’une technique spéciale de récupération) se trouvent au Kazakhstan, au Canada en Russie ou en Australie. Les cinq premiers producteurs mondiaux concentrant les deux tiers des réserves connues. 55 % de la production mondiale provient de dix mines, dont quatre sont situées au Kazakhstan, la plus grande étant celle de McArthur River au Canada produisant 7 600 tonnes en 2010. En 2010, dix compagnies se partageaient 87 % du marché de l'extraction de l'uranium dans le monde soit 53 000 tonnes en 2010 pour 5,4 millions de tonnes en réserve selon les estimations de l’AIEA. Les propriétaires les plus puissants s’appellent Cameco, Areva devenue Orano, Kazatomprom, Rio Tinto, BHP Biliton parfois alliés à des Etats dans le cadre de JV comme celle de Areva/SOMAÏR au Niger.
La faible quantité d’uranium nécessaire pour le fonctionnement d’unité de production électrique de forte puissance ~9000 t/an pour l’ensemble de la filière française, soit une puissance installée de plus de 63 GW – rend l’accès aux ressources, en apparence, moins stratégique que dans le cas du gaz ou du pétrole puisqu’elle repose sur la quantité produite d’une seule mine. Le géant français possède également des mines au Canada et au Kazakhstan, mais le minerai nigérien représente un tiers de sa production totale. Des forces spéciales ne se tiennent pas très loin "Mais pour garder des installations, on n'a pas besoin de militaires français, il y a des privés qui font ça très bien" selon des experts comme Michel Goya. Quant aux Chinois ils s'approvisionnent de plus en en plus en Namibie.
Energies renouvelables
Avec les énergies renouvelables, les enjeux d’approvisionnement ne sont pas le mêmes sauf pour la biomasse : le vent, le soleil et l’eau sont évidemment gratuits aux endroits choisis. Se pose néanmoins le problème de l’irrégularité de la production d’électricité – on parle d’énergies fatales - (pas de soleil la nuit et pas toujours de vent) qui perturbe le fonctionnement des réseaux électriques et aussi des emplacements pour s’assurer dans la durée d’avoir suffisamment de vent, d’eau ou de soleil.
TRANSPORTS : LE PETROLE ET LE GAZ
L’acheminement de matières premières utilisées pour produire de l’énergie ne s’appréhende pas comme celui du # Transports de marchandises classiques. Le caractère stratégique de l’énergie pose des difficultés techniques et de sécurité. On recense des centaines de pipelines sur la planète dont certains posent des problèmes géopolitiques # Diplomatie graves.
Charbon
Matière première facile à conditionner qu’il soit chargé sur un bateau, un train, une barge fluviale ou un camion, le charbon ne pose pas de difficulté à transporter. La matière n’étant pas dangereuse, solide, et transportable en vrac, le raisonnement qui s’applique ressemble à celui des marchandises classiques, c’est-à-dire un coût à la tonne au kilomètre depuis le lieu de production. Le transport maritime sera considéré comme bon marché (10 $ par tonne contre 60 à 70 $ pour le ferroviaire), d’où l’implantation de centrales à charbon proche des côtes maritimes. En revanche ce n’est pas le cas pour le transport terrestre par rapport au pétrole et au gaz.
Le pétrole brut doit être d’abord acheminé entre le site de production et les raffineries pour être transformé. Sur les longues distances, le transport est principalement effectué via des pipelines par voie terrestre et par voie maritime. Le transport par camion, par train et par barge sur des cours d’eau peut également être utilisé. Les produits pétroliers sont ensuite transportés vers les différentes zones de consommation.
Les pipelines peuvent transporter des matières gazeuses, liquides ou solides (D’ailleurs certains ont même inventé les carboducs comme celui de Black Mesa en Arizona), ils ont des caractéristiques différentes selon les produits qui se déplacent en leur sein : un pipeline transportant du pétrole est appelé « oléoduc constitués de différents tronçons qui ont été soudés et contrôlés par rayon gamma afin d’éviter des fuites [8].
La dimension des navires (et donc leur capacité de transport) est par ailleurs limitée selon les points de transit empruntés (plus ou moins larges)[9]. Les plus grands navires pétroliers en activité dans les années 2010 ont une capacité de 441 000 tpl. La vitesse moyenne d’un navire transportant 250 000 tonnes de pétrole, soit presque 2 millions de barils est d’environ 15 nœuds (~28 km/h). Les barges peuvent être utilisées pour le transport fluvial, elles sont très répandues aux Etats-Unis. Le pétrole a une place centrale dans le transport maritime : il constitue près de 30% du tonnage de la marine marchande mondiale pour le [Commerce International].
Gaz
Sans être liquéfié, puis transporté par bateau, le gaz doit être acheminé par gazoduc et donc traverser de nombreux territoires comme le pétrole ce qui n’est pas sans poser de problèmes géopolitiques décrits ci-après. Installées le long des réseaux des stations de compression compriment le gaz permettant sa circulation à grande vitesse. Entre la Russie et l’Union européenne, l’énergie consommée en transport par gazoduc représente entre 10 et 15% de l’énergie contenue dans le gaz transporté. Et le transport du gaz est coûteux. A contenu énergétique identique, le coût de transport du gaz est 5 fois supérieur à celui du pétrole. Une alternative existe lorsque le transport par gazoduc coûte trop cher ou est impossible. Le gaz est acheminé sous forme liquide par bateaux (les méthaniers). A environ -161°C (déduction de 600 fois le volume), le gaz peut être transporté sous forme liquide, on parle alors de gaz naturel liquéfié (GNL).
Pour justifier la mise en place d’infrastructures coûteuses (gazoducs), les échanges de gaz entre un opérateur chargé du transport et un producteur sont régis le plus souvent par des contrats de longue durée et non par un mécanisme de trading basé sur l’équilibre de l’offre et de la demande. Face à la prédominance du pétrole, les contrats d’achat de gaz de longue durée sont en partie indexés sur le prix du baril de pétrole. Le marché du gaz n’a pas la même dimension mondiale que celui du pétrole, il fonctionne par région, les situations locales pouvant entraîner parfois un décrochage des prix.
Que penser de la stratégie des pays riches en gaz ? Qatar, Turquie et Russie ou l’Iran pèsent pour plus de 50% des réserves. Pour exporter son gaz, le Qatar s’est retrouvé face aux Russes qui se sont appropriés un rôle dans la région leur permettant de trouver des capitaux en faisant entrer le Qatar à hauteur de 20% dans le capital de Rosfnet en 2016.
Une fois obtenu le « yellow cake » à partir d’Uranium (750 k par tonne d’Uranium) avant sa purification, son transport pèse faiblement dans l’équation économique étant donné les petites quantités en jeu (un kg d’uranium naturel fournit autant d’énergie, par fission de l’isotope 235 que 7 tonnes de pétrole)
PRODUCTION D’ENERGIE, COMMENT CA MARCHE ?
A chaque matière première correspond des caractéristiques qui, dans le cadre d’un processus de combustion réalisé dans une centrale thermique, dégage un niveau d’énergie spécifique. Ici, nous passons du monde de l’extraction à celui de la production industrielle et de son financement à long terme # Finance. Plus il est cher de financer, plus le MWh sera onéreux. Ces investissements présentent certains risques, souvent de stabilité politique dans certains pays, qui renchérissent le financement. Le principe consiste à bruler un combustible pour produire de la chaleur servant à faire tourner une turbine qui se raccorde à un alternateur pour générer de l’électricité.
Pour faire de l’électricité, un tranche à charbon typique dispose d’un puissance maximale de quelques dizaines à un millier de MW (1 tonne donne 8,1 MWh), et c’est pareil pour une centrale à gaz ou à fioul. De nouvelles centrales existent pour améliorer le rendement. Concrètement, les nouvelles centrales à charbon dites « supercritiques » et « ultra-supercritiques » soumettent la vapeur d’eau produite par la combustion du charbon à des conditions de température et de pression bien supérieures à celles d’une centrale classique. Il en résulte une forte amélioration de l’efficacité énergétique (avec un rendement de 45% contre environ 30% dans le cas des anciennes centrales) et donc une réduction des émissions de CO2 et de polluants (poussières, NOx, SO2).
Le pétrole s’utilise peu pour produire de l’électricité même si du fioul reste toujours disponible pour faire fonctionner un groupe électrogène. L’essentiel du pétrole est donc raffiné pour le transformer en produits pétroliers finis. Il permet d’en extraire aussi bien des produits nécessaires aux activités de la vie courante (chauffage, transport, cuisine…) que des produits dérivés utilisés dans des processus industriels (pétrochimie, revêtements routiers…). 1 tonne de pétrole donne 11,6 MWh On peut classer les produits finis pétroliers en quatre catégories, les carburants, les combustibles, les produits de spécialité et les matières premières industrielles.
Le processus du raffinage comporte trois types de transformations : (i) la distillation (la séparation des composants du pétrole brut en fonction de leur point d’ébullition et donc de leur structure moléculaire), (ii) la conversion de ces composants (réalisée en général sous forte pression et haute température) et (iii) le traitement des composants ainsi obtenus afin de les rendre consommables [10].
Les raffineries utilisent également des installations auxiliaires qui ne sont pas directement impliquées dans le processus du raffinage, mais sont indispensables au bon fonctionnement des unités : traitement des eaux usées, génération d’hydrogène, production de vapeur, systèmes de refroidissement…
Lors de la combustion, en présence d’oxygène, les molécules de gaz naturel dégagent du gaz carbonique (CO2), de la vapeur d’eau et libèrent beaucoup de chaleur. Ce principe est utilisé dans les centrales à gaz à cycle combiné. On utilise d’abord les gaz de combustion - ceux résultant de la combustion des gaz combustibles - pour actionner une turbine à gaz, mais aussi on récupère ces gaz chauds pour chauffer de l’eau qui devient vapeur utilisée pour actionner une deuxième turbine. Cette turbine à vapeur, comme la turbine à gaz, est couplée à un générateur, qui produit de l’électricité.
Il faut en général une dizaine d’année pour construire un réacteur nucléaire, il en existait environ 500 dans le monde en 2020. Elles disposent généralement d’une puissance maximale qui se trouve quelque part entre quelques centaines de MW et plus d’un GW (l’EPR c’est 1,6 GW. L’uranium utilisé dit « yellow cake » doit être enrichi pour être efficace dans une centrale (1 Kg donne 120 MWh).
Le financement du nucléaire doit être calculé sur une longue période ce qui ne colle pas très bien à l’économie de marché # Système Economique focalisée sur le court terme depuis la libéralisation des marchés de l’électricité qu’a connu l’Europe en 2007 pour les particuliers.
Le nucléaire a deux points faibles : la sécurité et le traitement des déchets car les accidents peuvent être gravissimes. Les grands pays utilisateurs en ont fait l’amère expérience à quelques décennies d’intervalle. En 1979, pour les américains en Pennsylvanie à Tree Miles Island, accident finalement sans trop de conséquences. En 1986, en URSS à Tchernobyl, cette fois avec des pertes directes, une cinquantaine et bien plus de manière indirecte à long terme, plusieurs dizaines de milliers de cancers provoqués minimum. Enfin en 2011, les japonais se font surprendre par les conséquences d’un Tsunami qui englouti une partie des installations de la centrale de Fukushima, entraînant l’impossibilité de refroidir les réacteurs et une rupture de la digue de confinement. Les japonais ont limité les dégâts, les effets sur les populations ne sont pas bien connus.
Au niveau des technologies, il reste encore un potentiel d’amélioration significatif. Il y a eu plusieurs générations de réacteurs nucléaires : (i) la filière graphite-gaz, aujourd'hui abandonnée, (ii) celle des réacteurs actuellement en service peu efficace car l’uranium utilisé est gaspillé à 80%, (iii) celle de l'EPR, plus sûre que la deuxième mais elle est aussi peu économe, et (iv) il existe plusieurs pistes comme celle des réacteurs à neutrons rapides utilisant le sodium comme échangeur thermique (modèle Superphénix qui a fermé en 1998), dont le prototype appelé Astrid, qui repose sur le même principe mais avec meilleur niveau de sécurité. Avec cette technologie les réserves existantes d’uranium permettraient d’avoir une indépendance énergétique longtemps.
Qualifiées d’énergies fatales, certaines ENR subissent les effets de la nature en temps réel : ensoleillement et vent. Pour l’hydraulique, c’est un peu différent si les lacs de rétentions sont pleins. Mais attention la construction d'un barrage implique de noyer des terres ce qui provoque des émissions de méthanes. La production d’énergie éolienne ou solaire s’organise sous forme de fermes de plusieurs unités de production afin de bénéficier de la même infrastructure au même endroit jugé pertinent. Pour le solaire, la variabilité journalière est en moyenne de 25 %, pour l’hydraulique fil de l’eau en moyenne de 6 %, et pour l’éolien : la variabilité journalière tourne autour de 50%. Il existe aussi la géothermie qui consiste à chauffer de l'eau en grande profondeur. En pratique 40% des puits forés ne fonctionnent jamais.
Face à ces constats quatre solutions fonctionnent : compenser par des énergies pilotables (nucléaire, thermique fossile et hydraulique de lac), stocker le surplus d’énergie renouvelable pour le réutiliser lors des creux de production, adapter la consommation à la production d’énergies fatales ou, solution extrême, arrêter les énergies renouvelables. En 2020, en France, la grande variabilité des énergies renouvelables s’équilibre par les deux premières solutions avec l’inconvénient majeur de devoir utiliser de plus en plus d’énergies pilotables, donc fossiles... L’idéal serait donc plutôt de gérer le stockage, et donc trouver un système de batterie performant et écologique mais aussi d’adapter la consommation à la production.
Eoliennes
En France, l’éolien terrestre a pris son envol en 1993 avec la mise en exploitation du premier parc (5 turbines) à Port-La-Nouvelle dans l’Aude. Les premiers souvenirs d’images de parcs éoliens remontaient pour certains français à une scène du film de Barr Levinson, Rain Man dans lequel Dustin Hoffmann et Tom Cruise passe devant en voiture sur la route de Palm Spring. C'était en...1988. En réalité, les éoliennes font peur, elles font penser aux fameux Tripod qui dominent de 50 mètres le sol dans la Guerre de Monde.
Photovoltaïque
La filière photovoltaïque pose des difficultés aux pays qui ont besoin d’énergie la nuit. Pour les autres, avec un ensoleillement stable, l’utilisation du soleil convient parfaitement pour produire de l’électricité sous réserve de produire puis d’utiliser des panneaux solaires durables en respectant la nature. Les cellules photovoltaïques sont des composants électroniques capables de produire de l'électricité à partir de l'énergie solaire et ceci grâce à l'effet photovoltaïque découvert en 1839 par Antoine Becquerel. Il est basé sur le comportement des matériaux semi-conducteurs lorsqu'ils reçoivent un rayonnement solaire. Lorsque les photons de la lumière du soleil rentrent en contact avec ces matériaux à base de silicium, ils transmettent leur énergie aux électrons des semi-conducteurs qui génèrent alors une tension électrique. Le rendement des panneaux solaires photovoltaïques est défini comme la part du rayonnement solaire transformée en électricité. Il varie de 6 à 8 % pour les panneaux en silicium amorphe à 46 % pour les cellules les plus performantes obtenues en laboratoire. La moyenne se situe à 14,5 % à la fin des années 2010. Les prix se sont stabilisés après avoir été divisés par 10 entre 2010 et 2020 grâce à la croissance des volumes.
Différentes technologies photovoltaïques existent : le silicium polycristallin représentant plus de la moitié du marché mondial en 2020 suivi par le silicium monocristallin (sc-Si) représentant environ un tiers et plusieurs autres plus marginales (le tellurure de cadmium, le silicium amorphe, le CIS (cuivre, indium, sélénium), CIGS (cuivre, indium, gallium, sélénium), le CIGSS (cuivre, indium, gallium, disélénide, disulphide) et l'arséniure de gallium. La production mondiale de panneaux est principalement répartie entre la Chine, l'Allemagne, le Japon et les États-Unis. Il s'agit majoritairement d'assemblage (encapsulation, électronique de contrôle, mise en place du cadre, boîtier de protection...) car en 2010 environ 50 % de la production mondiale de cellules photovoltaïques provenant de Chine et 80 % d'Asie. Les français restent actifs en recherche et développement. Par exemple, il aura fallu treize ans au CEA-Liten pour passer du laboratoire à l'étape industrielle dans les années 2020 tant les obstacles techniques étaient nombreux. Le CEA-Liten annonce pouvoir produire en continu des cellules photovoltaïques atteignant un rendement de 24 %. D’autres pistes d’amélioration existent : Les cellules à pérovskites sont une technologie très prometteuse pour dépasser largement les limites théoriques des technologies photovoltaïques actuelles.
Hydraulique
Les barrages comme les ouvrages d’arts symbolisent une forme de puissance : le barrage des 3 gorges des chinois, ou le fameux Hoover Dam américain sur le Colorado, emblématique du new deal de Franklin D Roosevelt construit dans les années 30. La France, avec plus de 440 centrales hydrauliques se positionne deuxième pays producteur d’hydroélectricité en proportion au monde tout en n’ayant aucun barrage parmi les 50 premiers, le premier étant celui de Tignes. Il en existe au 45 000 de plus de 15 mètres de haut et des millions en incluant des mini barrages. Ils captent 20% du ruissellement annuel mondial.
POLLUTION : L’ENJEU CO² MAIS PAS QUE
Sous l’angle du carbone, des émissions de CO², le gaz présent l’avantage d’être deux fois moins polluant que le charbon à énergie égale et 25% de moins que le pétrole. Le charbon étant le plus mauvais élève, il est responsable de 20% des émissions des Gaz à effet de serre (GES) sur la planète mais aussi d’oxydes de carbone d’azone et composés sulfurés. Pour ces raisons les plus grands groupes miniers ont décidé d’abandonner le charbon thermique.
Les gaz d’échappement des centrales à gaz à cycle combiné sont moins polluants que ceux des centrales à charbon. Néanmoins, ces deux types de centrales libèrent du gaz carbonique dans l’atmosphère. Les centrales électriques fonctionnant au gaz permettent de produire de l'électricité avec les meilleurs rendements et 2 fois moins de rejets de CO2.
Mais décarboner la production d’énergie ne représente qu’une petite partie de l’effort à faire pour épargner la # Biosphère. Il faut aussi tenir compte des énergies grises et des pollutions comme les marées noires ou du traitement des déchets mais aussi des impacts politiques. Est-il judicieux d’avoir contribué à enrichir en milliards de dollars les représentants des courants plus extrêmes de l’islam [Religions] au détriment des autres courants et de l’intérêt et des # Populations ?
Le Gaz et les ENR présentent de biens meilleurs bilans carbone et de sécurité que le nucléaire ou le pétrole. Moins traumatisantes que les accidents nucléaires, les marées noires viennent frapper les écosystèmes régulièrement. En 2010, la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, exploitée par BP, explose, donnant lieu à une des plus grandes catastrophes environnementales liée au pétrole [11].
S’ils ne sont pas écologiques, les hydrocarbures auront au moins servi la [Culture]. De nombreux peintres ont fait usage de « bitume de judée » pour rendre des tons roux en laqué comme l’a fait Léonard de Vinci pour la Vierge aux rochers.
COMPARAISON DES COUTS PEU TRANSPARENTS
Les sources d’énergies ont toutes des avantages et inconvénients en fonction de critères légitiment importants comme le côté pratique d’utilisation et la préservation de l’environnement. Réalité oblige, la comparaison des coûts passe par des hypothèses de taux de conversion de l’énergie à partir de la matière première, puis de l’énergie thermique en énergie électrique. [Planche Comparaison des différents types d’énergies]
La comparaison s’effectue à partir d’une estimation de fourchette de coût du combustible entrant en euros par MWh énergie et électrique. Le nucléaire se distingue par un cout très faible mais qui sera compensé au niveau des coûts de traitement des déchets ou de l’entretien des centrales, eux-mêmes difficiles à évaluer.
INSTITUTIONS, ASSOCIATIONS & LOBBY
Face aux enjeux majeurs de l’énergie, de nouveaux acteurs ou des alliances autour des # Etats-nations apparaissent à partir après la seconde guerre mondiale.
Les # Etats-nations se sont d’abord préoccupés de créer des institutions pour se charger des enjeux techniques : la France a créé l’IFP et le CEA. Après la seconde guerre mondiale, les efforts ont porté sur de la coopération : l’AIEA pour suivre la filière nucléaire, particulièrement sensible car proche du nucléaire militaire, et de la coopération économique avec la création de la CECA, première mouture de l’Union Européenne. En contrepoids des Etats occidentaux, les pays Arabes ont eu aussi organisé une alliance des pays exportateurs de pétrole (OPEP) dans les années 1960. A partir des années 70, dans la foulée des mouvements hippies sont apparus des organisations non gouvernementales préoccupés par les enjeux écologiques, en particulier s’opposant d’abord tout particulièrement à l'énergie nucléaire.
Fondée par les Nations unies en 1957, l'Association International pour Energie Atomique (AIEA) est chargée de promouvoir le développement des applications civiles de l’énergie nucléaire et notamment chargée d'inspecter des installations nucléaires afin de vérifier qu'elles ne sont pas détournées à des fins militaires. Elle fait écho au discours « Atoms for Peace» du Président américain Eisenhower, prononcé devant l'Assemblée générale des Nations unies en 1953. Ce rôle a du sens car il se pourrait que la frontière entre le nucléaire civil et militaire [Force] n’existe pas vraiment. Le savoir du nucléaire reste d’ailleurs longtemps la spécialité de chercheurs souvent issus de familles juives d’Europe de l’Est implantées aux Etats-Unis comme Oppenheimer ou Einstein. C’est d’ailleurs une proche collaboration avec Israël n’ayant pas d’industrie mais des chercheurs en physiques nucléaire proches des américains qui a permis à la France de se doter de l’arme nucléaire. Dans les années 1950, Shimon Pérès disposait d’un bureau à Matignon à côté de celui de Guy Mollet en tant que représentant du LAKAM, bureau spécial israélien charger du nucléaire. Une thèse serait que les américains auraient souhaité fournir la technologie nucléaire militaire à l’Europe, à travers les français, pour éviter d’être en première ligne face aux Russes. En 1968, le TNP (Traité de Non Prolifération) des armes nucléaires a élargi le champ d’action de l’AIEA. Dotée d’un budget de 365 M€, elle regroupe 171 pays membres et a même reçu le prix Nobel de la Paix 2005
L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) a été créée en 1960 lors de la Conférence de Bagdad, principalement à l'initiative du chah d'Iran. Son siège se trouve lui aussi à Vienne depuis 1967 dans des locaux étonnamment modestes appartenant étonnamment à Texaco. A l’exception du Venezuela, tous les pays membres proviennent du Moyen-Orient ou d’Afrique. L’influence de l’OPEP décline à partir de 2010 avec la montée en puissance de la production des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine. Les deux pays d’Afrique les plus riches en pétrole, à savoir le Nigeria et l’Angola sont d’ailleurs les deux seuls à être membres l’OPEP ; depuis 1971 pour le premier et 2007 pour le second.
IFP, (Institut français du pétrole) créé 1919 à Pechelbronn en Alsace. Renommé une première fois Institut du pétrole, des carburants et des lubrifiants le 13 juin 1944, il a été renommé une seconde fois en 2010 par la loi Grenelle II qui a également changé son statut. Aujourd’hui, la moitié des programmes de recherche sont consacrés au développement des énergies alternatives et à l’amélioration de l’efficacité énergétique (véhicules économes, hybrides et électriques, biocarburants et chimie verte, captage et stockage du CO2). Afin de traduire ce changement d’orientation entamé en 2003, IFP Energies Nouvelles, anciennement IFP, a été renommé en 2010. 1700 salariés et budget de 130 M€.
Le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA, et aux Energies Alternatives depuis 2010) a été créé le 18 octobre 1945 par Charles de Gaulle. Cet organisme est destiné à poursuivre des recherches scientifiques et techniques en vue de l’utilisation de l’énergie nucléaire dans les domaines de la science (notamment les applications médicales), de l’industrie (électricité) et de la défense nationale. Il avait été placé sous l’autorité directe de la présidence du Conseil. Doté d’un budget de plus de 5 Mds€ dans les années 2010, le CEA regroupe les meilleurs scientifiques français en matière de physique avec 9 centres de recherches et 15 000 salariés. Il existe une Direction des Applications Militaires qui fait le lien avec l’armée. Le CEA intervient dans quatre grands domaines : les énergies bas carbone (nucléaire et renouvelables), les technologies pour l’information et les technologies pour la santé, les Très grandes infrastructures de recherche (TGIR), la défense et la sécurité globale.
Greenpeace Fondée en 1971, après le mouvement Don't Make a Wave Committee visant à s'opposer aux essais nucléaires aux États-Unis, est un groupe luttant contre ce qu'elle estime être les plus grandes menaces pour l'environnement et la biodiversité sur la planète. Cherchant un nom évocateur de sa double préoccupation, environnement et pacifisme, ces fondateurs issus du monde des quakers, des hippies, des journalistes et des anciens de la guerre du Vietnam, choisissent les termes green (vert) et peace (paix) qui selon eux résument le mieux leur démarche. Un rapport de la Cour des comptes consacré à l’emploi des fonds collectés par l’association Greenpeace France rapporte que 35 % des fonds collectés sont consacrés à la collecte des fonds. Les mauvaises relations entre Greenpeace et la France ont été au plus bas suite à l’explosion volontaire en 1985 de l’un de leurs bateaux qui venait gêner les essais nucléaires français dans le pacifique. Cette action ayant entrainé la mort d’un membre de Greepeace. Certains avouèrent malicieusement bien des années après que la bavure du Rainbow Warrior était inexcusable puisque les services secrets français savaient mettre discrètement du sucre ou dans les réservoirs des bateaux de Greenspeace ou bien recourir à d'autres subterfuges sans jamais recourir à des explosifs.
Les amis de la Terre, Friends of Earth, est l’une des plus anciennes associations écologiques créée en 1969 aux Etats-Unis par David Brower, un alpiniste qui s’intéresse à la politique énergétique. La branche française de l’association a connu d’illustres représentants mais c’est surtout l’histoire du fondateur de cette association qui montre bien toute la difficulté de maintenir une cohérence et de la crédibilité sur ces causes. De nombreuses associations de charlatans poussent, les dirigeants du monde associatifs n’étaient pas meilleurs que les politiques. C’est sans doute la raison pour laquelle des personnalités comme Al Gore et Nicolas Hulot sont les seules à avoir obtenu une forme de légitimité dans ce domaine. Les coups médiatiques à la Greta Thunberg finissent plutôt par discréditer la cause écologique.
WWF, le World Wilde Fondation fait lui aussi parti des associations emblématiques de l’écologie même si sa crédibilité s’est entachée par sa proximité avec de grands groupes industriels. Fondé par Julian Huxley, il a été présidé par Philip Mountbatten qui n’est autre que le conjoint de la Reine d’Angleterre.
PROBLEMATIQUES INDUSTRIELLES ET FINANCIERES : LES MAJORS
Dresser un état des lieux des caractéristiques des énergies existantes ne suffit à comprendre la réalité de leur fonctionnement. Celle de grands groupes puissants, souvent privés, qui doivent rendre des comptes à leurs actionnaires ou aux # Etats-nations. Quoiqu’on en pense, le [Système économique] fait que les actionnaires sont au final des épargnants qui en dépendent pour leur financer leur retraite. Ces grands groupes énergétiques ont une histoire commune. Ils se sont presque tous formés au début du XXème siècle autour d’intérêts d’Etat et parfois d’intérêts privés comme l’illustre l’histoire de la famille Rockfeller.
Dans le pétrole, les majors ont connu une histoire mouvementée puisqu’elles sont le fruit d’un démantèlement, celui de la Standard Oil. Les leaders mondiaux du XXIème siècle, après plusieurs décennies de fusions et de rachats sont : Exxon Mobil, Chevron Texaco, BP, Shell et Total. Les stratégies adoptées par les majors diffèrent sur l’aval (détention ou non de la distribution, les ENR, la détention des raffineries) mais toutes se concentrent sur l’amont plus lucratif (détection, exploitation, technologie de l’aval).
LES EMPLACEMENTS STRATEGIQUES : DETROITS & PASSAGES PIPELINES
Certaines parties des parcours des matières premières constituent les points faibles des énergies fossiles du Moyen-Orient éloignés des zones de consommation. Certains détroits pourraient bloquer, on pense à une intervention malveillante de l’Iran dans le détroit d’Ormuz, et certains pipelines traversent des zones sensibles et pourraient être sabotées. Certaines solutions de contournement existent.
Détroits
Il faut savoir parfois contourner les problèmes. Le Détroit d’Ormuz en est un puisque au moins 1/3 du trafic de supertanker passe par celui-ci. Pour éviter une trop forte dépendance, les EAU ont construit un l’Abu Dhabi Crude Oil Pipeline (ADCOP) entre Habshan à l’intérieur des terres et Fujaïrah coté Golfe d’Oman. Autre exemple le BCP, véritable succès diplomatique américain, permet de faire venir du pétrole par pipeline de Bakou vers le port de Ceyhan sur la côte méditerranéenne de la Turquie.
Pipelines
Les pipelines, véritables projets industriels géostratégiques ne peuvent être menés que par des Etats ou des multinationales de l’énergie, souvent en consortium. Construire un pipeline demande des ressources (dans le gaz c'est environ 2 M€ par kilomètre, il faut mobiliser au moins 10 milliards d’euros pour un projet d'envergure) et un temps considérable (de quelques années à une dizaine d’année) avec un risque associé à ce temps long élevé. Preuve en est, tous les échecs, en particuliers quand ils passent dans des zones à forte tensions. Tensions, guerres civiles, qui sont peut-être d’ailleurs le fruit de rivalités entre clans autour des enjeux énergétiques. A minima il est tentant pour ceux qui le souhaitent de s’appuyer sur des zones sensibles existantes pour ne pas se faire repérer. La principale problématique internationale des pipelines concerne l’Europe vis-à-vis de ses fournisseurs de gaz Russes et au Moyen-Orient. Un simple schéma permet de voir l’évidence. [Planche Approvisionnement par pipelines de l’Europe]
Pour le gaz, si l’on fait exception de la Norvège, il existe 4 zones de production situées à distance raisonnable pour exporter par pipelines vers l’Europe : La Russie, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et la Mer Caspienne dont on ne sait pas d’ailleurs si c’est une mer ou un lac. Le plus simple consiste à le faire venir d’Afrique du Nord (cela n’intéresse pas les Allemands) ou de Russie. Le gaz Russe de Gazprom provient majoritairement de Sibérie et 80% de celui-ci doit traverser l'Ukraine via Oujgorod (4 pipelines en parallèle) où l'on stocke au moins une dizaine de jours de consommation européenne. Une double dépendance malsaine existe entre la Russie qui doit s'assurer de pouvoir faire traverser son gaz par l'Ukraine et l'Ukraine qui a besoin du gaz russe bon marché pour se chauffer et son industrie lourde.
Dès les années 1900, il devenait évidement pour les leaders occidentaux que le pétrole allait jouer un rôle central dans l’économie future. Il était donc stratégique d’être les premiers à mettre la main sur les gisements connus et d’être capable d’acheminer le pétrole vers les zones de consommations. Les allemands, sous l’égide de la Deutshe Bank, avaient envisagé de construire la ligne de chemin de fer Berlin-Bagdad via Constantinople ce qui obligeait les allemands à s’entendre avec les Ottomans. Celle-ci passait même par l’exYougoslavie, qui, comme par hasard, sera le lieu de l’événement symbolique du déclenchement de la première guerre mondiale par la mise en œuvre de mécanismes d’alliances militaires entre pays européens. La géopolitique s’impose même un peu avant, autour de 1882, selon William Engdahl, date à laquelle les britanniques estiment qu’ils commencent à être dépasser par la puissance de l’Allemagne. Ils perdent la main et se font rattraper sur l’acier, le transport maritime mais aussi par la mise en place d’une politique souverainiste allemande voulue par Friedrich List (industrielle et financière).
L’entre deux guerres mondiales, les années Deterding
En 1912, peu de temps avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, 63% du pétrole provenait des Etats-Unis et 20% de Bakou alors en Russie. En 1914, la Royal Dutch Shell est déjà la plus puissante compagnie pétrolière au monde Elle fonctionne comme un Etat avec ses "ministères" et services des finances, des affaires étrangères, du renseignement. Henri Deterding, son dirigeant, fait partie des grands patrons enrichis par la Première guerre mondiale car il fournit le mazout de la marine britannique. Il s’est rapproché des russes grâce à son mariage avec une russe suite à son divorce avec sa femme, devenue la maîtresse de Calouste Gulbenkian. Il a ensuite collaboré avec des nazis allemands à la fin des années 30. Dans les années 1928 à 1934, il joue un rôle actif, probablement décisif dans le soutien du grand capital anglo-saxon à Adolf Hitler pour que celui-ci accède au pouvoir. En 1933, après l’accession au pouvoir d’Hitler, Rosenberg ami d’Hitler fait un voyage "privé" en Angleterre, il se rend directement d’Allemagne dans la demeure du "magnat de la politique pétrolière européenne. De leur coté les américains signent secrètement le Pacte Quincy le 14 février 1945 s’assurant une relation exclusive avec l’Arabie Saoudite : pétrole contre sécurité pendant des décennies.
Le 6 octobre 1973, la majorité des habitants de l’État hébreu célèbre Yom Kippour, le jour le plus sacré du calendrier juif. C’est le moment choisi par une coalition arabe menée par l'Égypte et la Syrie pour lancer une attaque militaire surprise en réponse à la défaite de la guerre des Six Jours qui opposa, du 5 au 10 juin 1967, Israël à l'Égypte, la Jordanie, la Syrie et l'Irak, à l'initiative d'Israël devant une concentration de forces estimée alors menaçante à ses frontières. Victoire qui fût une humiliation pour les pays arabes, Israël ayant détruit en quelques jours 309 des 340 avions de la chasse égyptienne. Cet événement, l’écrivain libanais Amin Maalouf en fait un marqueur majeur de la géopolitique de la fin du XXème siècle, une défaite dont les pays arabes ne se remettront jamais. Il écrit : « Je serais presque tenté d’écrire noir sur blanc : c’est le lundi 5 juin 1967 qu’est né le désespoir arabe. ».
Les guerres du golfe et du gaz
La souveraineté énergétique de L’Europe
N’étant pas dotée d’une diplomatie et d’une armée, L'Europe se débrouille comme elle peut avec des fournisseurs tous féroces : américains, russes, pays du golfe et la Turquie qui en profite pour se venger.
Pression américaine forte obligeant les européens à abonner le projet de doublement de Nord Stream et se désengager d’Iran, ainsi qu’un engagement des Européens à acheter plus de gaz américain (liquéfié par bateau) en contrepartie de son consentement à ne pas imposer de nouveaux droits de douane sur les berlines exportées par les Européens surtout allemandes. L’Union européenne a acheté 2,8 milliards de m3 de gaz naturel liquéfié (GNL) américain en 2017. Une goutte face aux énormes besoins des Européens qui importent chaque année plus des deux tiers (66%) de leur consommation, soit 360 milliards de m3 de gaz, dont 55 milliards de m3 de GNL, pour une facture de 75 milliards d’euros. A ce jour, le géant russe Gazprom couvre 35% de la consommation de l’UE et la moitié des achats transite par l’Ukraine. L’Allemagne et la Russie ont entrepris de contourner l’Ukraine avec le doublement du gazoduc Nord Stream via la mer Baltique. Les États-Unis possèdent dans les années 2020 une capacité de liquéfaction de 28 milliards de mètres cubes, à laquelle devraient s’ajouter 80 milliards de m3 supplémentaires d’ici à 2023. Mais le marché européen est loin d’être acquis. Les prix du gaz américain sont encore loin d’être compétitifs en raison de ses coûts de production et de transport. L’Espagne, avec six terminaux de regazéification, se voit en tête de pont pour le GNL américain et presse pour réaliser le projet STEP, l’interconnexion avec le réseau français afin de pouvoir approvisionner le reste de l’Europe.
La dépendance au gaz Russe doit être rééquilibrée : l'Autriche et la Pologne dépendent à 80% du Gaz Russe dans les années 2020 (part de leurs importations de gaz). L’Europe s’inquiète souvent de la capacité de la Russie à honorer ses engagements d'approvisionnement en gaz. La principale incertitude porte sur l'évolution de la consommation intérieure russe car il y a souvent un enjeu d’alignement des prix entre marché intérieur russe et extérieur (historiquement du simple au double). Pour ne pas compromettre les approvisionnement les énergéticiens russes doivent faire des projets (70% de ceux de Gazprom proviennent d’Europe de l’Ouest) pour démarrer l’exploitation de nouveaux gisements et la Russie doit poursuivre des mesures d’efficacité énergétique et d’économie (un potentiel d’1/4 de sa facture car 3 fois plus énergivore en PIB par habitant que l’Europe). Les fuites de gaz en Sibérie sont estimées à 10 % de la production. On estime ainsi qu'entre 20 et 50 milliards de mètres cubes de gaz sont perdus par torchage chaque année, ce qui représente entre 10 et 20 % du total des exportations et non écologique. Entre pressions américaines et dépendance russes, l’alternative du Moyen-Orient et des pipelines semble intéressante mais il est évident que certaines forces mettent des bâtons dans les roues des européens.
SYNTHESE
L’énergie d’origine nucléaire apparaît comme la plus compétitive malgré ses défauts mais elle ne peut pas servir à toute la planète pour des raisons de sécurité. Même les pays les plus rigoureux ont été ou seront victimes de failles ce qui ne pardonne pas. En France, pays touristique, un accident nucléaire serait encore plus désastreux qu’en Russie ou aux Etats-Unis dans un endroit isolé.
L’éolien et le solaire étant peu adaptés à la configuration du territoire français (paysages, ensoleillement), l’hydraulique étant déjà saturé, il est évident que l’enjeu du gaz devient majeur à partir du moment où l’on commence à envisager de réduire le nucléaire et que l’on souhaite arrêter de financer des pays dont l’idéologie islamiste ne va pas dans le bon sens. Le Gaz qui ne peut provenir que de Russie, Norvège, Afrique du Nord ou éventuellement du Moyen-Orient par GNL semblait la panacée.
Si l’on doit caractériser les énergies les unes parmi les autres, (i) le nucléaire reste un monde assez secret, (ii) les énergies renouvelables un monde d’ingénieurs, d'idéologues et de fournisseurs chinois, (ii) le pétrole se distingue par sa longue histoire, son coté barbouze, et son lien avec la géopolitique, (iii) le gaz fait figure d'un un monde encore mal connu dont les manœuvres, trop récentes, n’ont pas été relatées par des historiens ou des journalistes. Tout se joue à long terme, les petits français ont découvert le gaz naturel avec le dessin animé Méthanie dans les années 80 puis l'ont oublié.
NOTES
[1] Livre paru en 2012, Piranha
[2] Cet équilibre se traduit concrètement par une fréquence qu’il ne faut pas dépasser à la hausse ou à la baisse
[3] En raison d’une manœuvre en Allemagne, 15 millions de clients se sont retrouvés sans l’électricité pendant 38 minutes. Ces coupures des deux lignes 380 kV reliant Conneforde à Diele sont intervenues à 21 h 38 et 21 h 39.
[4] Malheureusement les variations de périmètre, souvent pour des raisons politiques, ne sont pas rassurantes. Et surtout, un ministère se trouve bien impuissant face à des problématiques techniques, économiques, géopolitiques complexes pour lesquels les Etats-nations ont du mal à être souverains.
[5] Parmi lesquelles :
L’énergie cinétique, utilisée pour les objets en mouvement.
L’énergie mécanique, pour les objets en mouvements entraînés par leur propre poids (comme les éoliennes).
L’énergie chimique comme la combustion du bois ou du pétrole.
L’énergie thermique, la chaleur.
L’énergie électrique.
L’énergie nucléaire.
Elle peut être accompagnée d'un suffixe précisant parfois l'origine de la consommation / de la production, comme kWh th pour une source thermique.
[6] Pouvoir Calorifique
PCI : Le Pouvoir calorifique Inférieur d’un combustible indique la quantité de « chaleur énergie » qu’il va libérer lors de la combustion par unité de volume ou de masse. L’eau de combustion est supposée rester à l’état de vapeur parmi les différents produits de la combustion (différents gaz). La vapeur d'eau étant supposée non condensée et sa chaleur est considérée comme non récupérée. Il se calcule en déduisant par convention du PCS, la chaleur de condensation (2511 kJ/kg) de l'eau formée au cours de la combustion et éventuellement de l'eau contenue dans le combustible.
PCS : Le pouvoir calorique supérieur
Le pouvoir calorifique supérieur (PCS) donne le dégagement maximal théorique de la chaleur lors de la combustion, y compris la chaleur de condensation de la vapeur d'eau produite lors de la combustion. L'eau formée pendant la combustion étant ramenée à l'état liquide et les autres produits étant à l'état gazeux. La vapeur d'eau étant supposée condensée et sa chaleur récupérée en fin d’opération. Il est supérieur de 3 à 10% au PCI.
[7] Pennsylvanie : Le roi Charles II d'Angleterre avait contracté un emprunt important auprès du père de William Penn, le quaker qui a donné son nom à la Pennsylvanie. Ce dernier, renvoyé de l'université de Cambridge, est par ailleurs en procès contre l'Église d'Angleterre et exclu peu à peu de la société anglaise. Son père, amiral et contrôleur de la marine, trouve alors un arrangement avec le roi. Le souverain offre le 4 mars 1682 des terres en Amérique, au sud-ouest du New Jersey, loin des procès et des difficultés rencontrées en Angleterre. Là, il pourra fonder une colonie, libre d'exercer sa religion. Le quaker y fonda la ville de Philadelphie, en y appliquant les préceptes de gouvernement d'une société libérale idéale. Penn appela la région Sylvania (forêt en latin), que le roi changea en Pennsylvanie. Les quakers ne venant pas en assez grand nombre pour peupler sa colonie, William Penn fit appel à des mennonites allemands, des frères moraves, des amish alsaciens, des presbytériens écossais et des baptistes irlandais et gallois. Le climat de tolérance religieuse encourage l'économie. Après la guerre de Trente Ans (1618-1648) dans l'empire germanique, 125 000 luthériens allemands s'installent en Pennsylvanie.
[8] Oléoducs
Ces canalisations sont recouvertes d’un matériau goudronneux pour éviter la corrosion et enveloppées d’une couche de laine minérale ou de plastique.
Lorsqu’ils sont enterrés, les oléoducs reposent sur un lit de sable ou de gravier. Certains tubes peuvent être lestés avec du béton pour éviter que l’oléoduc ne se soulève avec la pression des fluides. Tous les oléoducs sont soumis à des essais hydrostatiques avant leur mise en service.
La pression à l’intérieur des oléoducs est élevée jusqu’à un niveau de près de 70 bar afin de permettre la circulation du pétrole. Des stations de pompage en surface, situées tous les 60 à 100 km, maintiennent cette pression. Précisons que le pétrole transite dans les oléoducs à faible vitesse, à une moyenne de 7 km/h.
Il est indispensable de surveiller en permanence la pression, l'écoulement et la consommation d'énergie du pipeline sur toute sa longueur. Une chute de pression sur une partie de l’oléoduc permet de détecter les fuites et de déclencher des mesures correctives (arrêt du flux de pétrole au niveau des stations de pompage).
[9]
Caractéristiques des navires pétroliers : La capacité de transport des navires pétroliers est exprimée en « tonnes de port en lourd » (tpl ou dwt en anglais). Cela correspond à leur chargement maximum Les tankers les plus répandus à l’heure actuelle sont :
les Panamax capables de transporter entre 50 000 et 79 999 tpl. Cette capacité correspond à la limite imposée aux pétroliers pour transiter par le canal de Panama ;
les Aframax entre 80 000 et 124 999 tpl (capacité maximale pour les navires ayant un système de jauge dit AFRA, pour « Average Freight Rate Assessment ») ;
les Suezmax de 125 000 à 199 999 tpl ;
les VLCC (pour « Very Large Crude Carriers ») à partir de 200 000 tpl et jusqu'à 349 999 tpl dans le cas des navires à double coque (jusqu'à 319 999 tpl dans le cas des navires à coque simple) ;
les ULCC (pour « Ultra Large Crude Carriers ») au-dessus de 320 000 tpl dans le cas des navires à coque simple et au-dessus de 350 000 tpl dans le cas de ceux à double coque.[10] Production de pétrole
le craquage (catalytique et hydrocraquage), la cokéfaction et la viscoréduction : la division des molécules complexes en molécules plus simples pour convertir les fiouls lourds en produits plus légers ;
le reformage : la transformation de la géométrie des molécules associée à la co-production d’hydrogène
l’alkylation : la recomposition des molécules pour constituer les composants nécessaires aux mélanges de la production d’essence ou de gazole ;
l’isomérisation : le réarrangement de molécules pour l’obtention de composants d’essences à haut indice d’octane ;
Les raffineries de type « hydroskimming » sont les plus simples et les plus anciennes. Elles fournissent majoritairement des produits issus directement de la distillation du pétrole brut, comme des naphtas, des gazoles et des fiouls lourds. Peu de raffineries de ce type existent désormais en Europe, la plupart d’entre elles ont en effet été équipées d’unités de craquage dans le but d’augmenter la qualité et le rendement des produits les plus légers. Aujourd’hui, c’est la conversion profonde des fiouls lourds qui tend à devenir la norme pour la construction de nouvelles unités, en réponse à la hausse de la demande de carburants propres et légers et à la baisse de la demande de fiouls lourds.
Depuis les années 1990, des investissements importants ont été réalisés dans les raffineries françaises pour fabriquer des carburants de qualités toujours plus élevées, notamment pour éliminer le soufre, et assurer leur conformité aux exigences des normes européennes pour les carburants. En parallèle les sites industriels ont diminué leurs émissions. Par exemple les émissions de dioxyde de soufre ont baissé de 83% entre 1990 et 2015.
BTU : le « British thermal unit » (Btu) utilisé aux États-Unis est défini comme étant la quantité de chaleur nécessaire pour élever d’un degré Fahrenheit une livre anglaise d’eau dans une atmosphère d’un bar. 4€ par MMBTU. Une BTU équivaut à près de 1 055 J.
[11] Stratégie BP
BP annonce en août 2020 une réorientation majeure de sa stratégie : ses investissements dans les énergies renouvelables passeront à 4 milliards de dollars par an d'ici à 2025, puis 5 milliards par an avant 2030. BP était jusqu'à 2019 moins ambitieux que Shell et Total dans ce domaine, ses investissements annuels dans les renouvelables atteignant à peine un demi-milliard, contre 1,5 à 2 milliards pour Total. Les dépenses dans les hydrocarbures seront réduites de plus de 20 %. La transition énergétique (éolien, solaire, capture de carbone, hydrogène, biocarburants, bornes de recharge pour véhicules électriques,…) représentera plus du quart des investissements de BP d'ici à 2025, nettement au-dessus de la norme dans le secteur, qui consacre à peine 1 % de ses investissements aux renouvelables, selon l'Agence internationale de l'énergie. La production de pétrole et de gaz de BP va baisser de 40 % d'ici à 2030, alors que sa production d'électricité d'origine renouvelable sera multipliée par vingt, atteignant 50 GW en 2030.
[12]John McCloy
[13] Stratégie Chevron
Avec l'acquisition d'Anadarko, Chevron devient la deuxième plus grande compagnie pétrolière cotée au monde par la production de brut derrière sa compatriote Exxon Mobil.
Chevron va surtout se développer dans deux secteurs en pleine expansion aux Etats-Unis: l'exploitation du pétrole de schiste dans le Bassin permien au Texas et au Nouveau-Mexique et le gaz naturel liquéfié (GNL).
"Chevron rejoint le clan des UltraMajors et les trois grands deviennent les quatre grands", commente Roy Martin, analyste chez Wood Mackenzie. "Cette acquisition rend le groupe des majors bien plus polarisé. Exxon Mobil, Chevron, Shell et BP forment désormais une classe à part." Le rachat d'Anadarko, pour une valeur d'entreprise de 50 milliards de dollars, est la plus grosse opération de M&A dans le secteur pétrolier depuis l'acquisition de BG Group par Royal Dutch Shell en 2016 et l'initiative de Chevron nourrit les spéculations sur une vague de concentration dans les activités liées au schiste aux Etats-Unis.
[14]
Le projet du Qatar mené par Qatar Petroleum et Exxon-Mobile devait substituer un gazoduc aux navires méthaniers, mais comme il se heurte au refus de Riyad, grand rival depuis 1990, le contournement de la Syrie n’est que secondaire même si sous influence Russe n’a pas intérêt à ce projet.
Le projet Nabucco : le gaz venu d’Azerbaïdjan et du Turkménistan passerait par l’Iran, la Turquie et les Balkans (sans passer par la Syrie et l’Irak, donc). Ce projet, assez ancien (2002) était déjà régulièrement court-circuité par la Russie et se heurte à la volonté de l’Europe de ne pas poursuivre les discussions avec l’Iran sur la question du gaz naturel, et sur le retrait de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan, qui préfèrent traiter respectivement avec les voisins russe ou chinois.
L’Islamic Gas Pipeline (IGP), claque contre le Qatar, dont l’accord de principe entre l’Iran, l’Irak et la Syrie date de juillet 2011. Et si la signature a abouti après le début de l’insurrection syrienne, ses négociations ont débuté bien avant. Peu viable puisqu’il envisage de passer par deux pays en pleine guerre civile, l’Irak et la Syrie, ainsi que par des zones contrôlées par ce qui deviendra par la suite l’organisation Etat islamique. Jugé peu crédible techniquement et financièrement par des spécialistes.
Même sans le problème Syrien, les trois projets ne passent pas.
RESSOURCES
Bibliographie
Energie : Ressources, technologies et enjeux de pouvoir, Nicolas Mazzucchi, Armand Colin, 2017
Dormez tranquilles jusqu'en 2100 et autres malentendus sur le climat et l'énergie, Jean-Marc Jancovici, Editions Odile Jacob 2015
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Une grande partie s’effectuant par voie maritime ( quarante millions de barils / jour ) , on comprend mieux pourquoi la flotte américaine est déployée sur toutes les mers du globe , et notamment à proximité des points de passage sensibles ( détroit d’Ormuz , détroit de Malacca , canal de Suez , etc
La chaîne de valeur
La consommation d'énergie
Les principales sources d'énergies primaires
Caractéristiques des énergies fossiles et renouvelables
Comparaison des différents types d'énergie
Pétrole et gaz : réserves et production par principaux pays
Approvisionnement par pipeline de l'Europe
Les majors de l'énergie
Liens entre prix du pétrole et taux de change du dollar
Beaucoup d’observateurs avancent l’idée suivante : la hausse du prix du pétrole est une conséquence du recul du dollar, les investisseurs se protégeant contre la baisse du dollar en investissant en pétrole (en matières premières d’une manière plus générale).
On peut aussi supposer que les exportateurs de pétrole différencient leurs revenus en d’autres devises.
Mais on peut aussi penser que la hausse du prix du pétrole et la baisse du dollar ne sont pas directement liées, et sont les deux conséquences d’une cause commune qui est le retrait des investisseurs depuis les marchés d’actifs complexes (ABS) aux Etats-Unis.
Dans d’autres circonstances, on pourrait alors avoir une corrélation différente entre le dollar et le prix du pétrole, due par exemple à des effets de demande de transaction de dollar ou à des effets cycliques, et on ne pourrait pas s’appuyer sur l’idée d’une corrélation stable.
Une étude de Patrick Artus, Natixis du 17 mars 2008
À lui seul , le business lié au pétrole représentait environ 5 % du PIB mondial , soit plus ou moins deux mille cinq cents milliards de dollars … Mais la clef de l’enjeu ne résidait pas seulement dans ce colossal volume . C’est la valeur ajoutée qui expliquait tout . Extraire , transporter , raffiner et distribuer le pétrole , partout dans le monde coûtait moins de mille milliards de dollars ! La différence ? De la marge pure que se partageaient les pays producteurs et les pays consommateurs au travers des royalties , des impôts et des taxes .
Le Gaz en Europe : la guerre de l'énergie
Depuis le coup d’État manqué du 15 juillet 2016 à Ankara, des piliers entiers de la politique européenne vacillent. L’accord sur les migrants, conclu en début d’année, est mis à mal. Ce n’est pas le seul : une bonne partie de la politique énergétique de l’UE, qui misait sur la Turquie pour contourner la Russie et accéder à d’autres gisements de matières premières en Asie et au Moyen-Orient, pourrait être fragilisée.
Les russes essaieraient t-ils de « remplacer » l’Ukraine par la Turquie, pour obtenir de nouveaux accès au marché européen ?
Le gaz représente le quart environ du mix énergétique des 28 (c’est-à-dire de toutes les sources énergétiques ensuite utilisées dans l’UE pour produire de l’énergie). Et un peu plus du tiers de ce gaz européen est importé de Russie, même si les différences, d’un État à l’autre, sont colossales (avec certains pays, comme les États baltes, dépendants à 100 %, ou la Pologne à 80 %). Depuis la fin des années 2000, Bruxelles ne cesse de vouloir diversifier ses approvisionnements en gaz, à travers la constitution d’une « union de l’énergie ». La crise ukrainienne de 2014 a encore renforcé cette priorité.
La construction d’un gazoduc entre la Russie et la Turquie pourrait donc ouvrir un nouveau canal d’acheminement vers l’UE, là où South Stream n’y était pas parvenu. Cette hypothèse ressurgit alors que Moscou négocie déjà avec Berlin la construction d’un autre gazoduc en mer Baltique, Nord Stream 2, malgré la vive opposition de nombreuses capitales à l’Est, dont Varsovie. Si Nord Stream 2 aboutit, l’UE importerait alors, non plus 35 %, mais 60 % du gaz qu’elle consomme à la Russie, selon les prévisions de certains experts.
Depuis le départ, la commission de Bruxelles doute de la viabilité du TurkStream. En partie pour des raisons techniques, liées à la profondeur de la mer Noire. Mais surtout parce que ce chantier pourrait faire de l’ombre à la priorité absolue du Slovaque Maros Sefcovic, le commissaire européen à l’« union de l’énergie » : le Corridor gazier sud-européen (Southern Gas Corridor, SGC), assemblage de trois gazoducs sur plus de 3 500 kilomètres qui doit acheminer le gaz de la Caspienne jusqu’aux Pouilles italiennes, à horizon 2020 dont le fameux TANAP traversant la Turquie et le TAP (Albanie-Italie) qui lui pourrait de toute façon servir aux Russes. Principal intérêt de ce chantier controversé, chiffré à 40 milliards d’euros : il évite la Russie.
Raison gardée
Les gazoducs déjà en place, pour acheminer du gaz depuis la Russie, la Norvège, la Libye et l’Algérie, n’étaient utilisés en 2015 qu’à 58 % de leurs capacités. À comparer avec des réserves de gaz à travers l’Europe qui, elles, sont remplies à 82 %. Surtout, la construction de ces nouvelles infrastructures est totalement contradictoire avec les engagements pris, notamment par l’UE à la Cop 21 de Paris, de « décarboniser » les économies européennes.
Le projet alternatif (gaz du Qatar) soutenu par les Français et les américains s'avère probablement à l'origine des conflits en Syrie. La réaction des russes étant vraisemblablement à l'origine de nombreux événements curieux des années 2015-2016.)
Nord Stream
Le gazoduc Nord Stream relie le port russe de Vyborg au port allemand de Greifswald sous la mer Baltique. Le système comprendra deux pipelines d'une longueur de 1.220 km et d'une capacité annuelle de 27,5 milliards de m³ de gaz chacun. La première conduite a été inaugurée le 8 novembre 2011 à Lubmin, en Allemagne. La deuxième canalisation entrera en service en 2012.
Les actionnaires de la société Nord Stream AG sont le russe Gazprom (51% du capital), les allemands Wintershall Holding et E.ON Ruhrgas (15,5% chacun), le français GDF Suez (9%) et le néerlandais Gasunie (9%)
Ce gazoduc permet d'alimenter l'Europe tout en évitant des territoires compliqués comme l'Ukraine.
Nord Stream 2
Nord Stream est entré en fonction en 2011. Il permet d’acheminer 55 milliards de m3 de gaz russe vers l’Allemagne, lorsqu’il fonctionne à pleine capacité. Et il est l’épine dorsale d’une coopération économique étroite entre l’Allemagne et la Russie, initiée au début des années 2000.
Dix pays s’opposent au projet
Le Nord Stream 2 devrait permettre d’acheminer 55 milliards de mètres cubes supplémentaires. Il est porté par un consortium conduit par Gazprom, qui a 50 % des parts, ainsi que de grosses compagnies gazières ouest européennes, partenaires de longue dates du géant russe (Engie, E. on, Wintershall, OMV et Shell).
En doublant les capacités de ce gazoduc, l’Allemagne va accroître sa dépendance au gaz russe, elle va affaiblir les pays d’Europe centrale qui servent aujourd’hui de pays de transit (et touchent des royalties pour cela) et elle va envoyer également un mauvais signal politique à la Russie, estiment plusieurs pays d’Europe centrale. Ils ont décidé pour cela de s’opposer au projet.
Le 26 novembre 2015, la Pologne, les Pays Baltes, la République tchèque, la Hongrie, la Grèce, la Slovaquie et la Roumanie ont envoyé une lettre commune à la commission européenne pour demander que le projet Nord Stream 2 soit mis au menu des discussions du sommet européen.
Plus surprenant encore, l’Italie s’est joint à cette fronde. Elle n’a pas apprécié que l’Europe ait bloqué il y a deux ans un projet concurrent, le South Stream, dont elle était partenaire. Ce gazoduc passait sous la Mer Noire pour desservir la Bulgarie, la Grèce et l’Italie.
Les États-Unis ont également critiqué ce projet. Mais le patron de Gazprom Alexeï Miller, a multiplié les visites dans les capitales d’Europe de l’ouest pour convaincre de l’intérêt du projet. En l’espace de quelques mois, il a ainsi été reçu deux fois à l’Élysée par le secrétaire général de la présidence de la République, Jean-Pierre Jouyet, le 22 octobre puis le 2 décembre, pour demander le soutien de la France à ce projet.
South Stream
Le projet de gazoduc South Stream, promu depuis 2007 par le russe Gazprom et l'italien Eni, devait relier la Russie à l'Europe centrale et méridionale sous les mers Noire et Adriatique et réduire la dépendance des acheteurs et fournisseurs de gaz envers les pays de transit, dont l'Ukraine et la Turquie. La Russie a renoncé au projet South Stream début décembre 2014 en raison de la "position hostile de l'Union européenne".
Long de 3 600 kilomètres et alimenté par du gaz de Sibérie, ce pipeline contournant l’Ukraine devait fournir jusqu’à 63 milliards de mètres cubes par an aux pays européens grâce à deux branches, l’une vers l’Autriche, l’autre vers les Balkans et l’Italie. Outre Gazprom (50 %), plusieurs groupes d’énergie étaient associés, notamment au chantier du tronçon sous-marin dont le coût était estimé à 10 milliards d’euros (sur un total de 17 milliards d’euros) : la compagnie pétrolière italienne ENI à l’origine du projet (20 %), l’électricien français EDF (15 %) et l’allemand Wintershall (15 %), filiale du groupe chimique BASF.
Lancé par Vladimir Poutine dès 2007 avec le soutien de son « ami » italien Silvio Berlusconi, South Stream devait entrer en service en 2016 et atteindre sa pleine capacité en 2018. Dès le départ, il s’agissait d’un projet très politique puisqu’il avait été conçu pour dissuader l’UE de mener à bien son propre projet.
Les raisons de l’abandon
M. Poutine a justifié l’arrêt de South Stream par l’opposition de l’Union européenne (UE) au passage du gazoduc sur le territoire de ses Etats membres, notamment la Bulgarie. Au cours de l’été, Bruxelles avait en effet exercé de fortes pressions sur Sofia pour qu’il renonce aux premiers travaux sur le gazoduc débouchant de la Mer noire. Ce renoncement russe est le dernier avatar de la crise opposant Moscou aux capitales occidentales autour de l’avenir de l’Ukraine.
Moscou et Ankara ont d’ailleurs signé en 2014, un accord pour la construction d’un nouveau « tuyau » reliant les deux pays sous la Mer noire et la fourniture de gaz (avec une ristourne de 6 %). Ce texte renforce les liens énergétiques (pétrole, gaz, nucléaire) entre la Russie et la Turquie, deuxième client de Gazprom derrière l’Allemagne.
L’accord russo-turc fait suite à la signature, sous les auspices de M. Poutine et du président chinois Xi Jinping, d’un contrat entre Gazprom et la China National Petroleum Corp. (CNPC) pour la livraison de 38 milliards de m3 de gaz russe par an durant trois décennies. Montant estimé : 400 milliards de dollars. Ce gaz proviendra toutefois des gisements de Sibérie orientale et n’était pas destiné à l’Europe, trop lointaine.
Nabucco Pipeline
Le projet initial Nabucco était un gazoduc reliant l'Iran et les pays de la Transcaucasie à l'Europe centrale.
Soutenu par l'Union européenne (UE), il permettrait de diversifier les sources d'approvisionnement énergétique de l'Europe.
D'une longueur de 3300 km, il aurait une capacité maximale de 31 milliards de mètres cubes de gaz.
Sa position au cœur de la Turquie permet au gazoduc d'être éventuellement relié, à terme, aux réseaux de transport syrien et surtout irakien.
Un accord intergouvernemental entre la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l’Autriche a été signé le 13 juillet 2009.
Nabucco est en concurrence directe avec le projet South Stream,
En décembre 2011, la Turquie et l'Azerbaïdjan annoncent simultanément la mise en place du gazoduc transanatolien, qui absorbera le gaz de Shah Deniz, initialement envisagé pour Nabucco et d'autre part la Russie et la Turquie annoncent un accord sur la traversée des eaux territoriales turques par South Stream, rendant la construction de Nabucco peu probable.
Nabucco West est un projet de gazoduc reliant la frontière turco-bulgare à l'Autriche. L'objectif du projet est d'acheminer vers l'Europe les ressources gazières du gissement de Shah Deniz 2, situe en Azerbaïdjan. .
Le projet Nabucco est soutenu par l'Union européenne et les États-Unis.
Un des objectifs du projet est de mieux relier l'Union européenne aux sources de gaz naturel de la mer Caspienne et des régions du Moyen-Orient. Un autre but est de diversifier ses approvisionnements énergétiques actuels ainsi que les itinéraires de livraison pour l'Europe, réduisant ainsi la dépendance européenne à l'énergie russe.Les différends du gaz entre la Russie et l'Ukraine ont été l'un des facteurs à l'origine de la recherche de fournisseurs et itinéraires alternatifs.
Par ailleurs, selon la Commission européenne, la demande européenne de gaz devrait passer de 502 milliards de mètres cubes en 2005 à 815 milliards de mètres cubes en 2030, ce qui signifierait que la seule Russie ne serait pas en mesure de répondre à la demande.
Le projet est développé par la société Nabucco Gas Pipeline International GmbH11, fondée en 2004 à Vienne.
La direction de l'entreprise est assurée par Reinhard Mitschek, issu de la firme autrichienne OMV. Il a été développé . Six compagnies énergétiques soutiennent ce projet alors qu'elles ne participent pas au remplissage du gazoduc. Les principaux actionnaires en sont:
OMV (Autriche)
MOL (Hongrie)
Transgaz (Roumanie)
Bulgarian Energy Holding (Bulgarie)
BOTAŞ (Turquie)
Initialement, chacun des actionnaires détenait 16,67 % des parts de la société.
Gaz de France était intéressé pour prendre une participation dans le gazoduc mais le gouvernement turc l'en a écartée en réponse à la reconnaissance par l'État français du génocide arménien. Néanmoins, à la faveur de l'année de la Turquie en France et la venue du président turc, Abdullah Gül, les autorités turques ne sont plus opposées dans le principe à la participation du groupe français GDF Suez au projet.
En 2010, la concurrence de Nord Stream et South Stream, et la dépression économique font que les clients de ce gazoduc ne sont toujours pas identifiés ; l'appel d'offres auprès des clients aurait dû se dérouler entre juillet et octobre, pour une décision en décembre 2010. En octobre 2010, l'un des actionnaires repousse le projet d'un an, en déclarant qu'aucune décision ne sera prise avant 2011.
Avec du gaz naturel abondant dans différentes régions du globe, et des difficultés économiques en Europe de l'Ouest, l'avenir de ce projet est incertain. En mai 2011, le projet est à nouveau reporté de deux ans.
Le groupe industriel français GDF Suez a annoncé le 28 mai 2013 avoir conclu un accord avec l’autrichien OMV pour reprendre 9 % de sa participation dans le gazoduc Nabucco West. OMV a racheté la participation de l’allemand RWE en avril 2013.
À l'origine, le tracé prévu en 2002 devait relier les pays consommateurs européens à l'Iran, la deuxième réserve mondiale de gaz après la Russie. Le pipeline devait s'étendre sur 3300 km en passant par les principaux pays promoteurs qui pouvaient ensuite faire le lien avec l'Europe de l'Ouest.
Le projet Nabucco ayant gagné en importance politique depuis la crise entre la Russie et l'Ukraine de 2006, le tracé a lui aussi connu un changement majeur et paradoxal. Les Européens et les Américains qui ont eu l'idée de la diversification des importations ont vu en l'Iran et sa capitale une image négative à propos de son programme nucléaire et de son instabilité. La principale source de fourniture en gaz du gazoduc est alors écartée du projet temporairement et n'est considérée que comme un fournisseur potentiel. Ce sont alors les pays limitrophes de la mer Caspienne qui sont un enjeu majeur pour le projet Nabucco, on peut citer l'Azerbaïdjan et le Turkménistan. Mais l'Union européenne compte aussi sur les pays du Proche et Moyen-Orient pour augmenter les volumes de gaz dans le pipeline, avec la potentielle participation de l'Irak et de l'Égypte. Ces deux catégories de pays possèdent à eux tous des ressources en gaz comparables à celles de la Russie mais avec l'avantage de proximité géographique qui est intéressante pour l'Europe.
Avec ces changements, le coût et l'étendue du gazoduc Nabucco s'élèvent, le prix est supérieur à 8 milliards d'euros avec un pipeline de plus de 3800 kilomètres, il se pose alors le problème de sa réalisation car l'incertitude est très présente au sein du projet et il manque d'investisseurs. Quoi qu'il en soit, le tracé n'évolue que du côté des fournisseurs, la position des promoteurs et des clients du gazoduc Nabucco n'a pour le moment pas bougé et concerne toujours un passage de 2000 kilomètres par le nœud central qu'est le territoire de la Turquie, pour ensuite traverser la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l'Autriche. Le point final de la plate-forme de distribution serait basé en Autriche à Baumgarten pour rejoindre ensuite le réseau d'Europe centrale et de l'ouest.
La signature de l'accord intergouvernemental du 13 juillet 2009. La Commission européenne est à l'origine de cet événement qui doit assurer une meilleure stabilité du projet. C'est cet accord qui marque le véritable développement de Nabucco. D'après le président de la Commission européenne, M. Barroso, présent lors de la signature, l'accord, montre que ce projet est prêt à devenir une réalité aussi vite que possible.
Cet accord signé à Ankara, la capitale de la Turquie, concerne les cinq pays où sera installé le gazoduc et s'appuie sur leur accord politique mais aussi leur acceptation d'adopter des règles communes afin de définir un cadre juridique unique au sein du projet. Les conditions d'usage du gazoduc étant fixées, cela rend la situation plus claire. Les importateurs et exportateurs de gaz du pipeline Nabucco s'adresseront ainsi à un interlocuteur unique, la compagnie Nabucco gas pipeline international.
Cet accord a respecté la législation de tous les pays signataires et a permis une entente entre les pays selon les exigences de chacun. Selon la Commission européenne, la prochaine étape serait d'établir des contrats avec les pays fournisseurs concernant la capacité d'exportation. Les engagements d'importations entre les pays vendeurs et les pays acheteurs sont dans cette perspective une condition pour attirer les investisseurs et donc parvenir au financement du projet.
En mai 2012, le consortium Nabucco a soumis une proposition Nabucco-West23 au consortium Shah Deniz. Le 10 janvier 2013, le Nabucco International et les partenaires de Shah Deniz ont signé un accord de financement. Selon l'accord, les partenaires de Shah Deniz vont prendre une participation de 50 % dans le projet lorsque Nabucco West est choisi comme la voie d'exportation pour le gaz de Shah Deniz.
Le 3 mars 2013, Nabucco International a signé un protocole d'entente avec le consortium TANAP. Les consortiums Shah Deniz et TANAP ont également signé des accords similaires avec les actionnaires du gazoduc Trans Adriatic Pipeline (TAP), rival direct de Nabucco West.
En dépit de l'effort fait par la Commission européenne le 13 juillet 2009 pour booster le projet Nabucco, celui-ci subit un essoufflement depuis l'arrivée du projet concurrent russo-italien South Stream. Pour contrer cette avancée et améliorer sa fiabilité, le projet Nabucco se modernise et diversifie encore plus ses fournisseurs mais en parallèle augmente nettement son coût de construction pouvant atteindre 15 milliards de dollars. Sa position face à South Stream n'encourage en outre pas vraiment les investisseurs à financer le projet. La Russie a en effet devancé ce projet en tentant de le vider de ses sources d'approvisionnement.
Un des problèmes majeurs du projet Nabucco est la fiabilité des pays fournisseurs puisque aucun contrat sur les capacités d'exportation n'est établi, il ne s'agit que de la parole des gouvernements. Les principaux fournisseurs possibles de Nabucco sont l'Azerbaïdjan et le Turkménistan, cependant les deux, qui prévoyaient de fournir 8 et 10 milliards de mètres cubes par an au gazoduc se sont tournés un peu plus vers d'autres acheteurs. En effet, à partir de 2008 des accords d'association avaient été établis mais sans aucune perspective concrète de construction du gazoduc, c'est donc encore l'incertitude qui fait obstacle au projet.
L'Azerbaïdjan se tourne en effet vers South Stream en 2009 en lui accordant un accès prioritaire à son gaz provenant du plus grand gisement du pays, le champ Shah Deniz. Pour le Turkménistan celui-ci a alloué une très grande quantité annuelle de gaz à la Chine, ce qui limite le gaz disponible pour Nabucco.
Les pays fournisseurs de Nabucco font en quelque sorte marche arrière, il reste la solution des pays du Moyen Orient avec l'Iran, l'Irak et l'Égypte mais ici c'est l'Union européenne qui est réticente à cause de leur instabilité. L'Iran est mis de côté à cause de sa politique nucléaire, l'Irak à cause de sa situation politique en crise, et l'Égypte à cause de sa situation géographique, pour une exportation de gaz égyptien le gazoduc doit traverser la Syrie qui est actuellement en pleine guerre civile.
D'autant qu'en juillet 2011 l'Iran a signé avec la Syrie et l'Irak un projet de gazoduc qui vient mettre définitivement fin a un accord dans le projet Nabucco.
Actuellement plusieurs incertitudes menacent toujours le projet Nabucco et compromettent son avenir. Il s'agit du problème au niveau financier, et de la concurrence du projet South Stream et de la pression qui en résulte sur les pays fournisseurs de gaz et de transits du gazoduc. La position des pays acheteurs sera déterminante pour la finalisation de ces deux projets, chaque acteur a donc une place primordiale quant à l'avenir du marché du gaz en Europe.
Nabucco-West prévoit d’acheminer du gaz Azéri du gisement Shah Deniz II par l’entremise du gazoduc TANAP. Le gazoduc prévoit désormais l’acheminement de 10 – 23 milliards de mètres cubes par an provenant des gisements de Shah Deniz. OMV, un des actionnaires de Nabucco, a suggéré que Nabucco West pourra aussi transporter du gaz provenant de Domino-1, la sonde d'exploration en eaux de grande profondeur du secteur roumain de la Mer Noire. La Domino-1 a découvert un gisement de 1,5 – 3 milliards de pieds cubes de gaz, a-t-on annoncé en février 201225.
Le consortium du gisement de gaz de Shah Deniz II a finalement retenu, le 28 juin 2013, le gazoduc transadriatique pour acheminer le gaz de la frontière turque à l'Italie, en passant par la Grèce et l'Albanie, écartant ainsi Nabucco Ouest.
Le projet de gazoduc Qatar-Turquie prévoit de lui être relié.
Le projet de gazoduc Iran-Iraq-Syrie serait un concurrent du Nabucco.
Un livre sur l'ordre mondial anglo-américain depuis la première guerre mondiale. Travail à partir d'archive, ce document présente une vision très dure des coulisses de l'économie. La grille de lecture est celle des services secrets occidentaux et des compagnies pétrolières.
Cet ouvrage remet radicalement en cause l'idée que l'on se fait communément de la politique internationale et de ses enjeux. Il décrit les moyens extrêmes que les Anglo-Américains sont prêts à mettre en oeuvre pour conserver une suprématie née en 1815 et renforcée au prix des deux Guerres mondiales. Nous savons, depuis l'élection de George W. Bush, que la politique américaine et le pétrole entretiennent une relation intime. William Engdahl montre que l'économie des Etats-Unis repose sur un approvisionnement en pétrole bon marché et illimité et la suprématie du dollar sur les autres monnaies. Vous découvrirez comment le premier choc pétrolier fut une incroyable et cynique manipulation conçue par Henry Kissinger pour opérer un transfert planétaire de capitaux vers les banques de Londres et de New York, au prix de la ruine des pays du Tiersmonde ; comment ces pays en faillite, contraints de s'endetter auprès du FMI, se virent prêter à grands frais ces mêmes capitaux dont ils avaient été auparavant spoliés. Vous verrez comment la géo- politique du pétrole est à l'origine de l'effondrement de l'Union soviétique, de l'éclatement de la Yougoslavie, et de l'arrivée au pouvoir puis de la chute des Talibans. Vous serez surpris d'apprendre comment, dans les années 1970, les mouvements écologistes anti-nucléaires financés par les grandes compagnies pétrolières, devinrent le cheval de bataille visant à entraver l'indépendance que l'énergie nucléaire aurait pu procurer à nombre d'Etats, afin de les maintenir dans l'orbite des pétroliers. Vous comprendrez enfin que la décision d'envahir l'Irak fut prise pour assurer l'hégémonie de la puissance anglo-américaine et le contrôle de l'économie mondiale pour les 50 ans à venir.
William Engdahl, né en 1944, est économiste et écrivain. Il a étudié les sciences politiques à l'université de Princeton et l'économie à l'université de Stockholm. Il publie depuis plus de 30 ans sur les questions énergétiques, la géopolitique et l'économie, et intervient dans les conférences internationales. Il est conseiller indépendant pour plusieurs grandes banques d'investissement.
Un vrai travail d'enquête sur les coulisses des multinationales du pétrole. On y croise évidemment les services secrets et de nombreux groupes d'influences. L'ouvrage aborde la question des réserves pétrolières, de la crise de 1973, de l'Irak, etc.
Eric Laurent est allé rencontrer David Rockfeller ce qui a été pour lui une expérience étrange. D'autres anecdotes sont intéressantes comme la visite d'un ancien responsable des services secrets américains dans la banlieue de Washington. Sur les étagères de son bureau, un nombre incroyable de livres sur la chute de l'Empire Romain. « Je suis frappé de découvrir que sa bibliothèque, dans sa maison de la banlieue de Washington, est remplie de livres sur le déclin et la chute de l’Empire Romain » Témoignage d’Eric Laurent en parlant de William Casey, Directeur de la CIA.