POUVOIRS > FINANCE

Theodore Roosevelt et J.P. Morgan
 Theodore Roosevelt et J.P. Morgan en réunion pour trouver une solution aux guerres du charbon en 1902. Illustration de Harper's Weekly October 25, 1902. La présence de J.P. symbolise déjà la puissance de la finance dans des discussions salariales sur des enjeux de matières premières.

La grève du charbon de 1902, aussi connue sous le nom de grève du charbon anthracite, fut une grève conduite entre mai et octobre 1902 par le Syndicat des travailleurs miniers d'Amérique (UMWA) dans le bassin houiller de l'est de la Pennsylvanie, aux États-Unis. Les mineurs réclamaient une hausse des salaires, une réduction du temps de travail journalier et la reconnaissance de leur syndicat. Le conflit fut résolu par un arbitrage du gouvernement fédéral américain, sous l'autorité du président Theodore Roosevelt : les salaires furent augmentés de 10 % et la journée de travail réduite de dix à neuf heures, mais l'UMWA ne fut pas reconnu en tant qu'agent négociateur.


86000

Capitalisation boursière mondiale 2019 en milliards de dollars

Le sénateur américain Michael Capuano questionne des banquiers sur les Subprimes (2009)

Intervention courageuse d'un sénateur américain qui "engueule" les plus grands banquiers de son pays. Il montre leur incompétence et leur négligence.

17# FINANCE

Le secteur de la finance, devenu une industrie, regroupe beaucoup de composantes et se caractérise par son immatérialité. Rien de physique ne sort du système, même plus la monnaie devenue électronique grâce à la technologie. 

Y at-il une bonne finance qui permet à un exportateur de se couvrir contre le risque de change, à un jeune ménage d'emprunter pour acheter maintenant un bien qu'il ne peut pas s'offrir, à une entreprise de renouveller son parc de machine et une mauvaise finance, celle de la spéculation, de l'exploitation des plus faibles ?

La complexité incite certains à faire l'amalgame. Faire la différence entre financement par fonds propres et par crédit n'est pas à la porté de tous. Alors expliquer toute ces choses immatérielles qui, en plus, évoluent dans le temps, demande des efforts de pédagogie. 

Il y a d'abord à dresser un panorama pour avoir une vision globale. Les sous-secteurs liés à la finance sont les suivants : 
- les banques :  de particuliers, banques d'entreprises, banques internationales, 
- les assureurs : de biens et de personnes, les réassureurs souvent spécialisés dans les grandes catastrophes, 
Sachant que les banques peuvent être assureurs et inversement puisqu'il s'agit d'agréments : on parle de bancassurance (développée) ou assur banque (peu développé dans ce sens)
- les banques centrales
- les compensateurs, sortes de notaires des opérations (Euroclear et Clearstream)
- les conservateurs (State Street, BoNY) qui administrativement tiennent les registres de titres
- les autorités de régulation nationales et internationales (AMF, SEC) 
- les organisations bancaires ou d'assureurs privées (FBF, FFSA) 
- les "marchés financiers", notion opaque, principalement les bourses d'actions d'entreprises dont les premiers échanges remonteraient à ceux sur les actions des Moulins du Bazacle à Toulouse

Bref il y a de quoi perdre journalistes, citoyens, élus...Même avec de bonnes brochures pédagogiques, on décroche ! Certains en profitent ce qui est devenu très dangereux mais pas complètement nouveau.

La complexité de la finance a été rendu possible grâce à l'arrivée des nouvelles technologies de l'[information] et bien-sûr de l'informatique. Rien n'est plus transverse, essentiel, que le système de télécommunication et financier pour assurer le commerce . D'où l'intérêt d'en assurer le contrôle.

  CHAPITRE 17 - FINANCE : ELLE TIENT LE SYSTEME

BANQUES - ASSURANCES - BANCASSURANCE - BANQUES CENTRALES - LES AUTRES SERVICES FINANCIERS - LE PRIVATE EQUITY - ASSURANCE VIE - GESTION D'ACTIF - CONSERVATION DE TITRES - MOYENS DE PAIEMENT


Si la mondialisation peine à s'organiser au niveau politique, elle est en revanche très bien structurée sur des sujets d'échanges : de données avec les télécoms (ITU), des transports de personnbes et de marchandises (IATA), et bancaires pour les paiements. Fondée en 1865, l'Internatioanl Telecommunication Union, régule les normes de télécommunications depuis l'époque du télégraphe, donc bien avant la création de l'ONU.


Banque et assurance


Pour le système bancaire international, c'est plus complèxe. Le volet technique existe et en fin de compte revient à suivre un système de norme proche de celui des télécommunications. Vient s'ajouter le système réglementaire, prudentiel et même politique des différents pays. Les banques s'organisent dans le cadre de la banque des réglements internationaux (BRI) située à Bâle en Suisse. Cet organisme existe depuis 1930, donc, là encore, bien avant la naissance de l'ONU. La BRI est la banque centrale des banques centrales des 60 pays membres. De sa création à 1981, il se trouve qu'elle était dirigée par un représentant français.

Une banque centrale est un établissement bancaire unique qui n'a quasiment que des banques commerciales comme clients. Leur fonctionnement diffère selon les pays mais les grands principes de ses missions sont les suivants :
- émission de monnaie fiduciaire
- supervisation des marchés financiers, et des banques notamment sur les risques
- jouer le rôle de prêteur en dernier ressort en cas de crise
Leurs objectifs, fixés dans leurs statuts, consistent à maintenir la stabilité des prix, c'est à dire lutter contre l'inflation, et aussi réduire le chômage ou avoir des taux d'intérêt long terme peu élevés.

Les marchés financiers
Le monde financier regroupe tellement d'acteurs de nature différente qu'il est difficile de s'y retrouver : le mélange, banque, finance, assurance, immobilier, organisations internationales, technologie, fait que personne ne peut se révendiquer expert de tous ces domaines. Et évidemment toutes ces problématiques sous soumises à des lois, des réglementations différentes selon les pays. Conséquence de cette complexité, les états ne peuvent plus vraiment agir et surtout ils ne comprennent plus rien. La crise financière de 2007 était tout fait prévisible et il est amusant de voir certains médias décerner des médailles à quelques oracles ayant donné l'alerte (Paul Jorion, Nouriel Roubini). Personne ne savait trop quand elle se déclencherait, mais des dizaines de milliers de personnes, muettes, savaient que quelchose ne tournait pas rond. PAr contre, quelques uns ne voulaient pas voir. Nassim Nicholas Taleb parle d'IENI (intellectuel et néanmoins idiot) pour caricaturer un grand nombre d'économiste, finalement charlatants. Aujourd'hui, ce système est devenu un grand foutoir auquel plus personne n'a de vision globale et fiable. Allez lire un rapport du FMI ou la BRI, un rapport annuel d'une banque, etc...

Banque intermédiaires


Déontologie et parachutes dorées
Pendant que les salariés des banques s'essouflent à demander plusieurs fois par an à leurs clients dirigeants d'entreprises, leurs cartes d'identité, elles restent complètement connectés à de nombreux paradis fiscaux.

Notes

Est-il normal de gérer tant d'argent pour des tiers ? Le principe ne ne plus être capable de gérer soi-même est-il durablement raisonnable ? Une veuve hérite de 2 milliards d'actions cotées en bourse. Quel est le sens de cet état de fait ? Personne n'est responsable mais cela conduit à donner du pouvoir à des gens finalement qui ne le possède pas. Avec son argent, les gestionnaires font-ils réellement ce qu'elle souhaite ? ce qui aurait été voulu par celui dont elle a hérité ?



Les travaux empiriques réalisés ne montrent donc qu’une partie des conséquences néfastes imputables à la spéculation débridée sur les marchés à terme et plus généralement à la financiarisation sans précédent des économies « riches ». Ils rejoignent d’autres études focalisées sur ces effets néfastes au sein des pays fortement financiarisés, comme celle de Cecchetti et Kharroubi (2012), qui montre que la finance contribue à la croissance (dans la lignée de King et Levine, 1993, et Beck et al., 2000, pour le lien causal) mais que l’excès de finance nuit gravement à l’économie, qui se trouve privée de ses meilleurs cerveaux par le déplacement sectoriel. L’analyse montre que lorsque la masse de crédit dépasse le PIB, elle devient un poids pour la croissance de la productivité, tout comme lorsque le secteur financier accapare une part excessive de la force de travail.

Congressman Capuano

  NOTES



Notes

Est-il normal de gérer tant d'argent pour des tiers ? Le principe ne ne plus être capable de gérer soi-même est-il durablement raisonnable ? Une veuve hérite de 2 milliards d'actions cotées en bourse. Quel est le sens de cet état de fait ? Personne n'est responsable mais cela conduit à donner du pouvoir à des gens finalement qui ne le possède pas. Avec son argent, les gestionnaires font-ils réellement ce qu'elle souhaite ? ce qui aurait été voulu par celui dont elle a hérité ?



Les travaux empiriques réalisés ne montrent donc qu’une partie des conséquences néfastes imputables à la spéculation débridée sur les marchés à terme et plus généralement à la financiarisation sans précédent des économies « riches ». Ils rejoignent d’autres études focalisées sur ces effets néfastes au sein des pays fortement financiarisés, comme celle de Cecchetti et Kharroubi (2012), qui montre que la finance contribue à la croissance (dans la lignée de King et Levine, 1993, et Beck et al., 2000, pour le lien causal) mais que l’excès de finance nuit gravement à l’économie, qui se trouve privée de ses meilleurs cerveaux par le déplacement sectoriel. L’analyse montre que lorsque la masse de crédit dépasse le PIB, elle devient un poids pour la croissance de la productivité, tout comme lorsque le secteur financier accapare une part excessive de la force de travail.

Congressman Capuano


  RESSOURCES



Bibliographie

La face cachée des banques, Eric Laurent, Plon, Octobre 2009
Blythe Masters, Pierre Jovanovic, Le jardin des Livres, Janvier 2011
Hank Paulson, On the Brink, Headine Business Plus, 2010
L'argent, la finance, et le risque, André Lévy-Lang, Odile Jacob, Avril 2006
Marchés de dupes, George Akerlof et Robert Shiller, Odile Jacob, 2016 [Prix Nobel 2001 et 2013]

Des moulins du bazacle au trading haute-fréquence


L'image des marchés financiers a toujours été trouble. Si les marchés ont besoin d'instaurer de la confiance pour fonctionner, il n'en demeure pas moins que la liste des scandales s'allonge chaque année avec des montants de plus en plus élevés : les affaires Maddoff ou Kerviel remplacent le scandale du Panama dont s'est inspiré Zola dans son roman l'Argent publié en 1881.

L'histoire des premiers échanges "quasi-boursiers", sous forme d'actions remonterait au XIIème siècle. Les toutes premières actions échangées au monde auraient été celles des Moulins du Bazacle à Toulouse. Après plusieurs siècles de stagnation, les marchés ont été radicalement transformés par la mondialisation et l'innovation technologique dans les années 1990.

Devenus transnationaux, ils peuvent échapper à l'autorité des régulateurs. Le Général De Gaulle avait  déclaré que la politique de la France ne se décidait pas à "la corbeille" (emplacement situé dans le Palais Brogniard, place de la Bourse à Paris). Pourtant, les corbeilles modernes, c'est à dire des plates-formes informatiques reliées entre elles, décident directement et indirectement de beaucoup de choses.

Pour échanger, il faut d'abord une place de marché. Celle-ci peut-être régulée (par une autorité publique ou privée), on parle de marché réglementé. Il existe aussi des marchés faiblement réglementés comme le marché libre.


Qui sont les marchés financiers ?

Qui se cache derrière les marchés financiers ? Souvent la question se pose : "Mais, c'est qui les marchés ?"

Les marchés financiers sont organisés par des sociétés privées ou des consortiums de sociétés privés.

les bourses : NYSE Euronext, Deutche börse
les sociétés de prestations de paiements (SWIFT) et de conservation de titres (Clearstream, Euroclear)
les sociétés d'informations financières : Bloomberg appartenant au Maire de New York, Thomson Reuters, Dow Jones propriétaire du Wall Street Journal appartenant au magnat de la presse australien Rupert Murdoch
les agences de notation : Standard & Poors, Fitch, Moody's
les sociétés de courtage (filiales de banques ou indépendantes)

Ces acteurs sont dirigés par des représentants de banques ou de quelques grandes fortunes.

Pour bien comprendre les interactions entre les uns et les autres avec des indicateurs en temps réel, il faut disposer de moyens d'informations importants : abonnement à des bases de données, et il est même difficile d'absorber les informations, d'en faire le tri à cette vitesse. C'est le métier des traders, des économistes de marchés..

Que peut-on échanger ?

Les biens échangeables sur les marchés étaient au début de leur existence très simples : des matières premières 

Il y a d'abord les marchés obligataires (émissions de dettes), les plus importants, avec les obligations d'Etat et d'entreprises, et les marchés actions, les plus connus (en clair les bourses). Ces deux marchés sont des marchés de titres : des actions ou des dettes sous forme d'obligation.

L'épargne collective à travers différentes formules (fiscalers et juridiques) s'est emparée de ces marchés (Assurance Vie, Fonds et SICAV). Les actions et obligations sont de moins en moins détenues en direct par des ménages ou des sociétés.

L'essor des Produits Dérivés

La finance a évolué depuis les années 70 et de nombreux nouveaux marchés se sont développésd. Il s'agit de produits derivés des sous-jacents principalement exposés plus haut (actions et obligations). Ces marchés existaient dès la fin du 18ème siècle (Pays-Bas) et l'informatisation leur a donné une nouvelle jeunesse.

- Futures (contrats à terme, c'est à dire un engagement ferme de livraison standardisée dont les caractéristiques sont connues à l'avance)
Ils fonctionnent grâce à une chambre de compensation.
Ils existent sur les taux, les emprunts d'Etat et sur les Indices boursiers.
En France, ce marché était autrefois dénommé le MATIF.

- Options (contrat entre un acheteur et un vendeur dont l'un ou l'autre a le droit d'exercer l'option df'acheter ou de vendre à un prix convenu à l'avance)
En France, ce marché était connu soius le nom de MONEP.

- Swap (contrat de troc de performance : taux ou devises) : ils sont utilisés par les exportateurs pour se couvrir contre d'éventuelles fluctuations de devises et par des emprunteurs à taux variables pour se couvrir contre une éventuelle hausse des taux.

Les CDS (Credit Default Swap) : les sawp sont poussés à l'extrême. Ils permettent même de se couvrir contre des risques (défauts de remboursement d'un crédit) qui ne concernent plus le souscripteur. L'exemple de derive donnée en exemple est celui der pouvoir assurer la maison de son voisin pour y mettre le feu et toucher une prime. Les CDS ont été les principaux instruments financiers décriés lors de la crise des subprimes de 2008. Certains parlant même d'armes de destructions massives. Ce marché n'est pas vraiment regulé est devenu un Casino. Il est utilisé par les Hedge Funds pour spéculer contre la dette d'Etats en diffcultés. Les CDS sont cotés et leur cotation donne une idée de la qualité de la dette d'Etat ou d'Entreprise. Ce mécanisme est plus dynamique que celui des notes (AAA,AA, etc) produites par les agences de notation. 

Ces marchés sont accessibles à partir quelques plate-formes de trading et ne sont pas toujours réglementés.

Les principales places financières

Cette étude propose un ensemble de données sur les principales places financières mondiale. Réalisé par City of London, il est probablement peu objectif mais dresse un portrait robot assez complet. La crise et les mesures pour réguler les bonus octroyés dans les banques devrait favoriser les places de Zurich et de Singapour.

Etude sur les centres financiers dans le Monde

Les activités des banques

Le mouvement de balancier suivant est bien connu : parfois Big is beautiful et à d’autres moments Small is better. On se souviendra de l'histoire de l’industrie  des Télécommunications aux Etats-Unis. A l’origine ATT qui était l’opérateur unique national fut divisé en 7 « Baby Bells » le 1 janvier 1984. Puis au début des années 2000 la plupart fusionnent entre eux à leur tour. La crise des suprimes qui dégénère en crise financière internationale, a permi de reposer la question : les banques sont-elles devenues trop grosses ?

 
Le Glass-Steagall Act*

. Il faut se rappeler "le Glass-Steagall Act" qui est le nom sous lequel est généralement connu le Banking Act de 1933 aux États-Unis.

L’objet de celui-ci a permis :
- d’instaurer une incompatibilité entre les métiers de banque de dépôt et de banque d'investissement;
- de créer le système fédéral d'assurance des dépôts bancaires;
- d’introduire le plafonnement des taux d'intérêt sur les dépôts bancaires ( la Regulation Q ).
 
A l'époque, on interdisait donc à des banques de détails (de dépôts/crédits) d’être des banques d’affaires et réciproquement. Ce n’est que le 12 novembre 1999 grâce au Financial Services Modernization Act, dit Gramm-Leach-Bliley Act qu’il est devenu désormais possible d’exercer les deux métiers : c’est par exemple la création du mastodonte Citigroup.

Des monstres à plusieurs têtes

Ce sont à la fois la déréglementation financière des années 1980 et l’émergence des nouvelles technologies (comme Internet) à la fin des années 1990 qui ont engendré deux choses majeures :
- le développement des paradis fiscaux (off shore et on shore) non contrôlés
- le développement de nouveaux métiers financiers parallèlement au développement d’Internet (rapidité des transactions, etc)

Les banques se sont adaptées à leur environnement complèxe. Mais peut-être trop vite par rapport aux régulations en vigueur. La Finance est devenue internationale, les réglementations sont toujours locales. 

Aujourd’hui une banque est une fédération de métiers qu’il est devenu difficile à coordonner pour le management d’une grande banque. On parle de « silos » qui ne communiquent plus (cf. le rapport sur la Société Général dans l'affaire Kerviel).

Voici la liste de ces métiers qui de surcroît se sont tous internationalisés en quelques années :

La banque de détail (des particuliers, des professionnels et des PME) : c’est la banque traditionnelle des dépôts / crédits. Elle est devenue une plate-forme de distribution commerciale de nombreux produits. Elle s’est fortement internationalisée ces dernières années par des acquisitions. Par exemple, la majorité des banques de détail des pays de l’Est est passée sous contrôle des pays de l’Ouest de l’Europe.

La banque de financement et d’investissement (BFI) : par nature, c’est une activité internationale qui elle-même est une mozaïque de métiers dont il est difficile de faire une liste exhaustive. En résumé il y a :

- la banque de financement qui se charge de vendre de la dette des grandes entreprises (Large Caps et leurs filiales) et de participer à l’organisation et au financement de projets (infrastructures, avions, etc)

- la banque d’investissement qui regroupe les métiers d'émissions de titres (introductions en bourse, émissions de produits complexes), les fusions acquisitions et les activités de marché devenues elle aussi  ultra complexes (titrisation, produits dérivés, couvertures de changes, etc)

Au-delà de ces métiers traditionnels des banques, ce sont de véritables multinationales qui se sont développées à partir d'autres activités :

La Gestion d’actifs : cette branche est constituée par des gérants de fonds dont les actifs appartiennent à des clients particuliers, entreprises et institutionnels à travers des fonds ou fonds de fonds (FCP, SICAV). Les supports d’investissements sont nombreux : actions, obligations, immobiliers, etc. Cette activité s’est très bien portée jusqu’à 2007.

La Conservation de titres et les services back office. Il s’agît de " l’arrière boutique" des banques. Activités proches de celles d’une SSII, elles portent de grands projets dirigés par des ingénieurs. Ces métiers offrent des services pour la gestion d’actifs (documents administratifs, reporting de performance), etc. Pour exercer ces métiers, il faut dorénavant avoir une taille critique internationale. Les français (BPSS, filiale de BNPP Paribas, CACEIS filiale commune du Crédit Agricole et des Caisses d’Epargne) se positionnent bien loin derrière les américains (Bony, State Street). C'est au sein de la conservation de titre que se trouvent les expertises relatives aux systèmes règlements internationaux et la connaissance des systèmes de place comme Euroclear, Clearstream (dont les banques sont administrateurs), SWIFT.

Le Crédit à la consommation : Cetelem (BNPP), Sofinco (Crédit Agricole) sont devenus des acteurs majeurs en Europe grâce à plusieurs dizaines d’acquisitions ces dernières années. Les encours de crédit sont importants et c’est une activité très rentable pour les banques.

Les financements spécialisés : le factoring et le leasing

L’externalisation de créance (factoring) et le crédit-bail (leasing) figurent parmi les autres métiers traditionnels des banques. Regroupés en filiales européennes, ils connaissent également un essor remarquable depuis la fin des années 1990.
 

Les moyens de paiements

Autre silo, c’est encore un métier très technique proche de celui d’une SSII en charge des infrastructures informatiques des réseaux bancaires, des solutions de moyens de paiements pour la clientèle, des enjeux liés aux cartes de crédit, de la gestion des chèques, de la gestion des plates-formes de paiement interbancaires.

L’assurance

Les banquiers ne se sont pas privés d’utiliser leurs réseaux pour vendre des produits d’assurance vie (dont la gestion des encours est confiée à l’activité Gestion d’Actifs) et d’assurance dommage. Ainsi les mutualistes Crédit Agricole et Crédit Mutuel sont devenus des acteurs incontournables de la bancassurance en moins de 20 ans.


Private Banking

La banque privée s'adresse à une clientèle fortunée en off shore (pour de la clientèle internationale) ou en on shore pour la clientèle domestique. C'est une activité très rentable dont les clients doivent posseder en général au moins 1 milion d'euros d'avoirs financiers. Les banques françaises disposent de filiales très importante en Suisse et au Luxembourg. Les banques privées sont des "banques" dans la Banque.

L’immobilier

Chez les banquiers, le nerf de la guerre est le crédit immobilier aux particuliers. Pour gagner, il faut être les plus crédibles dans le métier. Les banques étant très riches au début des années 2000 elles se lancent plus ou moins vite dans la constitution de pôles immobiliers. Les Caisses d’Epargne avec la CDC (Crédit Foncier de France) et BNP Paribas, puis plus tardivement le Crédit Agricole. L’addition des nouveaux métiers est impressionnante :

- Promoteurs immobiliers (Meunier chez BNP Paribas),
- Gestion Locative de parcs immobiliers,
- Agence Immobilière (Caisses Régionales du Crédit Agricole),
- Courtiers immobiliers (BNP Paribas avec Atis Real),
Sans compter, la gestion d’actifs immobiliers pour compte propre et compte de tiers.

Le Private Equity

Dernier « silos » de la banque dont elles sortent petit à petit. Le Private Equity est l’investissement dans des sociétés (a priori non cotées d’où le terme private) dans le cadre de levées de fonds et de véhicules d’investissement réglementés.

La notion de « silos » est symbolique car la réglementation impose à certaines activités de ne pas communiquer entre elles pour des raisons de conflits d’intérêts (muraille de Chine). Mais ce point ne concerne pas l’ensemble des autres métiers qui devraient mieux communiquer et être mieux surveiller pour éviter des d’écueils que les opérationnels ne peuvent pas voir sur le terrain. L'équilibre de certains métiers volatiles comme la banque de financement et d'investissement avec un métier plus stable comme la banque de détail a par contre un certain sens en termes de risques. C'est la stratégie de bon sens du Crédit Agricole. Et pourtant depuis un an le cours de bourse de la banque est en chute libre de -57%.

 l'affaire Clearstream 

D'abord il y a au moins deux affaires, et c'est bien le problème qui génère la confusion :

Clearstream 1 : une enquête sur une chambre de compensation internationale
Clearstream 2 : la médiatisation du nom de cette société dans le cadre d'une affaire politique

Ce que l'on peut retenir, ce sont d'abord les trois livres de Denis Robert :

Le premier, publié début 2001 et qui a été même interdit, Révélation$, qui met en lumière de manière imparfaite mais réaliste les disfonctionnements d'une chambre de compensation située au Luxembourg. Les deux ouvrages suivants racontent les suites de l'affaires en 2002 puis juin 2006.

Curieusement, rien n'a été écrit sur le sujet pendant de nombreuses années. A partir de l'été 2004, l'affaire devient médiatique grâce à la publication d'un article du Point écrit par Jean Guisnel, Jean-François Jacquier, Laurent Léger avec Lucien Lambert.

La salve de livre commence à paraître à l'été 2006 avec la sortie de trois livres : celui d'Airy Routier, de deux journalistes de l'Express et d'un duo de journaliste Libé-Aujourd'hui.

Imad Lahoud donne sa version forcément peu objective en février 2007.

Enfin en septembre 2009, Frédéric Charpier, indépendant, publie un livre assez complet sur le sujet un peu avant l'audition des protagonistes au Palais de Justice de Paris.

Le livre de Charpier, le plus complet mais c'est aussi le dernier sorti, est le seul à vraiment tenter d'en savoir un peu plus sur une affaire qui agite beaucoup de monde et dont on ne comprends finalement plus tellement pourquoi.

Les livres publiés en 2006, ne sont que des compilations de ce qui était déjà connu, avec peu de révélations ni d'analyses approfondies.

On a donc peu d'éléments pour se forger une opinion. Seul le site Internet Mediapart, a véritablement enquêté et publié. Le site a publié le réquisitoire de plusieurs centaines de pages qui résume les faits de l'affaire, mais aussi quelques révélations comme celles sur les relations Lahoud-Pérol.

1. Dans cette affaire, le rôle trouble de Clearsteam, initialement dénoncé par Denis Robert n'est pas tranché : un audit était censé disculper Clearstream mais personne ne peut avoir d'idées sur la qualité et la fiabilité de cet audit puisque c'est la société elle même qui a payé l'auditeur. L'auditeur étant constitué d'une équipe pas forcément compétente. L'opposition entre le journaliste Denis Robert, disposant de peu de moyens, et la société internationale, consortium de banques, était inégale.

2. Pourquoi Dominique de Villepin a été autant chargé alors que beaucoup de monde dont la Ministre de la Défense était au courant

3. Pourquoi l'existendce d'un faux listing n'a pas pu être démontré suffisamment rapidement avant la médiatisation de l'affaire ?

Révélations - Denis Robert - Les Arènes - Fébrier 2001

C'est un des livres contemporains qui a été provisoirement parmi les plus chers. 500 € sur Amazon. Interdit depuis quelques années, il est devenu rare. Ce livre est finalement le point de départ d'une vision critique des mécanismes sous-jacents de la finance internationale.

Ce livre est bouleversant, ou tout simplement fascinant : en 1970, pour transférer un capital américain en Belgique (par ex.), le banquier devait prendre l'avion pour échanger les titres, d'où une perte de temps, et donc d'argent. Aujourd'hui toutes les transactions mondiales passent instantanément par seulement 2 sociétés de clearing belge et luxembourgeoise, et c'est Ernest Backes, l'un des concepteurs qui nous en révèle les secrets. Une seule société (Swift) connecte 7000 institutions financières, transfère 3000 milliards d'euros par JOUR, Clearstream et Euroclear assurant 150 millions de transactions par an. Initiateur du système E. Backes révèle les scandales (Denis Robert est le journaliste écrivain), meurtres et dissimulations dont il fut témoin. Par des mots simples il explique les mécanismes de blanchiment d’argent, notamment par les comptes non publiés. Pour preuve il publie des microfiches qui sauvegardent toutes les transactions, (ou chacun peut retrouver le nom de sa banque)… Cet outil gigantesque et devenu incontrôlable offre l’opacité idéale, et pourtant Ernest Backes démontre qu’il permet, si l’on s’en donne les moyens, de remonter n’importe quelle filière d’argent sale. Publié début 2001 et malgré les lourdes accusations il n’y a eu aucun procès, au contraire, il y a eu des licenciements, comme pour valider ces révélation$. Ernest Backes nous entraîne au cœur de la finance mondiale, nous faisant découvrir très simplement les mystères d’un système gigantesque et complexe, jusqu’alors connus de quelques initiés

La boîte noire - Denis Robert - Les Arènes - Janvier 2002

Ce livre raconte l'histoire vécue par Denis Robert suite à la publication de son premier livre. C'est à partir de ce livre que l'on prend conscience de la gravité des événements sur le monde financier. Bien avant la crise, le ver est déjà dans le fruit pour beaucoup d'observateurs initiés au monde de la finance.

Sous la mondialisation financière, la mondialisation criminelle. Une criminalité soft, invisible. Dans un milieu qui mêle banques, mafia et informatique, détenir le savoir c'est détenir du pouvoir. Tel est l'objet de ce pavé que jette dans le marigot financier international le journaliste Denis Robert. Il poursuit là le passionnant labeur de dénonciation qu'il avait entrepris dans Révélationsou Pendant les affaires, les affaires continuent.


Au centre de son enquête, il y a un obscur "Triangle des Bermudes", une mystérieuse boîte noire : Clearstream. Sous des dehors de "banque des banques" respectée et respectable se cache une société luxembourgeoise qui fraye en eaux pas très claires. Passe encore que cette chambre de compensation aux pouvoirs tentaculaires détienne des comptes non publiés. Mais que ceux-ci soient attribués à des clients occultes, à des banques d'affaires installées dans des paradis fiscaux ou bien servent aux banques elles-mêmes pour réaliser des opérations douteuses, blanchir de l'argent sale sous des écritures comptables truquées, voilà le scandale que dénonce le journaliste français.


Pour ce faire, il s'appuie sur deux témoins chocs : Hervé Hemphel et Ernest Backes, deux insiders entendus par la mission parlementaire sur le blanchiment elle-même animée par les députés français Arnaud Montebourg et Vincent Peillon. Par leurs fonctions, ces anciens cadres de Clearstream ont mis en place le système informatique stigmatisé dans cet ouvrage. Système terrifiant, dont les innombrables ramifications permettent d'appréhender sous un éclairage encore plus inquiétant, en vrac : la faillite financière de l'Argentine, la vente de frégates par la France à Taïwan, le poids financier de l'Église de scientologie, le dépôt de bilan d'Enron ou bien le processus du financement d'Al Qaida. 


Les shadocks pompent, pompent

Concrètement, la coordination de ces métiers est extrêmement difficile voire impossible. Il est donc parfaitement impossible pour les administrateurs de groupes bancaires de pouvoir exercer leurs fonctions de contrôle du Management.  De même les analystes financiers spécialisés dans la banque pompent comme des Shadocks autour des comptes des banques, véritables boîtes noires, sans pouvoir exercer quelque esprit critique fondé sur quelque chose de tangible (comme des stocks, des ventes, une étude de marché). Et ils se plantent dans les prévisions : il faudrait des analystes financiers "demi-dieux" capables d’analyser et de comprendre également l’immobilier, l’assurance, les métiers techniques. En résumé, c'est impossible.

La question est : va-t-on dans le mur à cause de ces silos, et comment y remédier ?
* Il tient son nom d'un Sénateur démocrate de Virginie, Carter Glass, ancien Secrétaire au Trésor, et d'un Représentant démocrate de l'Alabama, Henry B. Steagall, président de la Commission Banque et Monnaie de la Chambre des Représentants.   

Taille du bilan des banques americaines en Millions de dollars (1973 à juin 2020)

Les transactions financières internationales sous contrôle américain


par Jean-Claude Paye, sociologue, Belgique*

Comme dans l’accord sur la surveillance des passagers européens, signé en juin 2007, entre l’Union européenne et les Etats-Unis, ce nouvel «accord» sur le contrôle des transactions financières, légitimise une situation de fait créée par les USA. Dans les deux cas l’administration américaine s’était emparée illégalement des données personnelles des citoyens européens, avant que l’Union lui reconnaisse ce droit et modifie son ordre juridique à cet effet.
Le 23 juin 2006, le «New York Times» a révélé l’installation, par la CIA, d’un programme de surveillance des transactions financières internationales. Le journal a mis en lumière le fait que la société belge Swift («Society for Worldwide Interbank Financial Communications») a, depuis les attentats du 11 septembre, transmis, au Département du Trésor des Etats-Unis, des dizaines de millions de données confidentielles concernant les opérations de ses clients.

Swift, société américaine de droit belge, gère les échanges internationaux de quelque huit mille institutions financières situées dans 208 pays. Elle assure le transfert de données relatives aux paiements ou aux titres, y compris les transactions internationales en devises, mais ne fait pas transiter d’argent.

Les données échangées sont stockées sur deux serveurs. L’un situé en Europe, l’autre aux Etats-Unis. Chacun comprend l’ensemble des données. Les messages interban­caires, échangés sur le réseau Swift, contiennent des données à caractère personnel, protégées par les droits belge et européen.

Cette société est soumise également au droit américain, du fait de la localisation de son second serveur sur le sol des Etats-Unis. Ainsi, la société a choisi de violer le droit européen, afin de se soumettre aux injonctions de l’exécutif américain. Malgré la constatation des multiples violations des droits belge et communautaire, les autorités belges se sont toujours refusées à poursuivre la société Swift.
Rappelons que le système Echelon et le programme de surveillance de la NSA permettent de se saisir des informations électroniques, dont les données Swift FIN en temps réel. Leur lecture est d’autant plus facile que les systèmes de cryptage, DES, 3DES et AES, des données relatives aux transactions mondiales entre banques, sont tous les trois des standards américains brevetés aux USA. L’exécutif des Etats-Unis se fait donc remettre des données qu’il possède déjà ou qu’il peut obtenir facilement. Le fait d’obliger les sociétés privées à violer le droit européen, ainsi que de pousser les autorités politiques de ce continent à transformer leur légalité, afin d’autoriser cette capture, est l’enjeu principal des exigences américaines. Pour l’exécutif des Etats-Unis, il ne s’agit pas uniquement d’installer un système de contrôle en temps réel des transactions financières internationales, mais surtout de le faire légitimer.

La cessation des transferts vers les douanes américaines n’a jamais été envisagée. La transmission des informations n’a d’ailleurs pas cessé après la révélation de l’affaire. Afin de se conformer formellement à la directive européenne de protection des données, Swift a adhéré, en 2007, aux principes du Safe Harbor, qui «garantit» que les données stockées dans le serveur américain sont protégées par des normes analogues à celles en vigueur dans l’Union européenne.

L’adhésion aux principes du Safe Harbor procède par une autocertification de la société adhérente, censée fournir des garanties quand aux possibilités de contestation auprès d’autorités indépendantes. Mais, la qualité d’indépendance de ces autorités est peu définie. Le Safe Harbor laisse la personne concernée démunie. C’est à elle de vérifier la situation de conformité de l’organisme américain qui traite des données, c’est à elle de trouver et saisir l’autorité indépendante de contrôle apte à étudier son cas. Si malgré tous ces obstacles, une personne ou une entreprise a la possibilité de pouvoir constater un manquement à la procédure et qu’elle a la capacité d’entamer des poursuites, l’administration américaine peut encore invoquer la notion de «secret d’Etat», afin d’empêcher toute action judiciaire.
Quant au volet de «l’accord» de juin 2007, celui qui autorise la saisie des données personnelles par les USA, il aboutit à un engagement unilatéral de la part des Etats-Unis. Il ne s’agit donc pas d’un accord bilatéral, comme le souhaitait le Parlement européen, mais bien d’un texte, dont le contenu n’a pas besoin de l’accord des deux parties pour pouvoir être modifié. L’administration des Etats-Unis a la possibilité, sans assentiment, ni même consultation de l’autre partie, de modifier ses engagements, selon l’évolution de la législation américaine ou selon sa volonté d’émettre de nouvelles exigences.

Le Département du Trésor donne des garanties purement formelles quant à l’utilisation des données. Il s’engage à les utiliser ou les échanger, avec d’autres agences ou des pays tiers, exclusivement pour lutter contre le terrorisme. Cependant, la définition du terrorisme est tellement large qu’elle peut s’appliquer à toute personne ou organisation ciblée par l’administration.
Les données dormantes ne seront pas conservées plus de cinq années après leur réception. Cela laisse beaucoup de temps aux agences américaines pour les utiliser selon leur bon vouloir.

Comme garantie du respect de la confidentialité des informations, la partie américaine, insiste sur l’existence de plusieurs niveaux indépendants de contrôle. Le texte mentionne «d’autres administrations officielles indépendantes», ainsi qu’un «cabinet d’audit indépendant». Qu’une administration soit considérée comme une institution indépendante d’une autre administration du même Etat en dit déjà beaucoup sur la formalité de cette autonomie. La même remarque peut être faite en ce qui concerne l’audit indépendant. Ainsi, lorsque l’affaire Swift a éclaté en juin 2006, le gouvernement américain avait déjà déclaré qu’il n’y avait eu aucun abus dans l’utilisation des données, vu que l’accès à celles-ci était contrôlé par une société privée «externe», le groupe Booz Allen. Cette dernière est une des plus importantes sociétés en contrat avec le gouvernement américain. L’interpénétration entre public et privé est organique. Qu’une telle société privée puisse être présentée comme indépendante du pouvoir exécutif des Etats-Unis en dit long sur la solidité des garanties obtenues par les négociateurs européens.

Ce récent «accord» révèle l’existence d’une structure politique impériale, dans laquelle l’exécutif américain occupe la place de donneur d’ordres et les institutions européennes une simple fonction de légitimation vis-à-vis de leurs populations. En fait, il ne s’agit pas d’un accord entre deux puissances souveraines. Il n’existe qu’une seule partie, l’administration des USA qui réaffirme son droit de disposer des données personnelles des européens. En compensation, dans une démarche unilatérale il concède des «garanties» formelles qu’il peut unilatéralement modifier ou supprimer. L’exécutif américain exerce ainsi directement sa souveraineté sur les populations des deux côtés de l’atlantique. 

*Jean-Claude Paye est auteur des ouvrages «La fin de l’Etat de droit», La Dispute 2004 et «Global War on Liberty», TelosPress 2007.

Dès juin 2007, il était prévu que les données Swift inter-européennes ne soient plus transférées aux Etats-Unis, mais sur un second serveur européen. Fin mars 2008, des représentants de la société Swift ont laissé entendre que celui-ci serait situé dans la région de Zurich et serait opérationnel fin 2009. Cette nouvelle procédure est plus conforme à la décision-cadre européenne sur la protection des données personnelles que les prin­cipes Safe Harbor. Cependant, la décision-cadre prévoit des exceptions en matière police-justice et laisse la porte ouverte à l’accès des autorités américaines aux données financières des ressortissants européens. Simplement «l’accord» devra être adapté en conséquence. Celui-ci est évolutif. Il est construit de manière à pouvoir répondre en permanence à de nouvelles exigences américaines.


Rappelons que, en ce qui concerne les données des passagers aériens, les douanes améri­caines ont directement accès aux terminaux des compagnies situées sur le sol européen. Que cela soit par un tel système ou, plus probablement, par le biais d’injonctions déterminées, les autorités américaines continueront à se faire remettre des données financières européennes. L’alibi du serveur américain ne fonctionnant plus, cela aura pour effet de renforcer encore la souveraineté américaine sur le sol européen. Ce qui est l’objectif fondamental de cette affaire.

Livre Les Initiés de Thomas Bronnec

Roman/Polar du journaliste Thomas Bronnec spécialisé dans la Finance. Auteur de Bercy au coeur du pouvoir en 2012, il profite de sa connaissance des coulisses du ministère, surtout du Trésor, pour imaginé un roman. L'action concerne des personnes rarement mis en lumière comme un directeur de cabinent, des conseillers techniques et le directeur du Trésor. Thomas Bronnec choisi de mettre en scène une banque, le Crédit Parisien qui ressemble beaucoup à la BNP Paribas et un patron très influent dans le milieu du capitalisme français, M. Fertel qui pourrait s'inspirer de Michel Pébereau. 

Extraits ci-dessous :


Sur la constitution et le fonctionnement d’un cabinet
Isabelle Colson avait été nommée ministre de l'Économie et des Finances dans la foulée de la victoire du candidat socialiste à la présidentielle . Il avait fallu qu'elle choisisse un directeur de cabinet . Dépourvue de réseaux dans l'administration , elle n'était pas en position d'imposer quiconque à un poste stratégique pour lequel , en réalité , c'était le directeur du Trésor qui composait une short - list de candidats . Ils devaient être les gardiens de la ligne économique défendue par l'administration , mais aussi être acceptables.

Le spoil system à l'américaine , c'est peut - être brutal mais au moins les choses sont claires . Le ministre sait que tout le monde partage ses vues , et tout le monde avance dans le même sens . Mais il paraît que ça ne se fait pas . Alors , j'ai besoin d'un dircab qui croie sincèrement en ce qu'on va faire , pas d'un type qui va relayer les demandes de Caradet et sa bande , parce que , toute seule , je ne m'en sortirai pas . J'ai besoin d'un allié , qui connaît la place .


L'espace d'un instant , il se demanda si elle allait le virer . Il l'espéra presque . En théorie , c'était possible , même si en réalité c'était plutôt le directeur de cabinet qui avait un pouvoir de vie ou de mort sur le ministre . Il pouvait l'asphyxier en le laissant crouler sous les arbitrages les plus anecdotiques , l'ensevelir sous ces parapheurs bordeaux en cuir fatigué qu'il fallait examiner tous les soirs , ou au contraire lui cacher l'essentiel en barrant le chemin aux informations les plus sensibles , pour se laisser le privilège de décider lui - même . Il était potentiellement le vrai maître du ministère mais Christophe Demory , lui , n'usait pas de ce pouvoir . Il avait eu le poste à la franchise et n'entendait pas briser le lien de confiance tissé avec Isabelle Colson . Ils fonctionnaient en duo . Un vrai couple , avec ses hauts et ses bas . Mais jamais il ne l'avait vue si exaspérée .


Des étudiants incapables de rembourser leurs frais de scolarité, un contexte de crise type subprime
Or vous savez que ces crédits ont explosé depuis la deuxième loi d'autonomie des universités qui leur permet de fixer elles - mêmes les tarifs à l'entrée . Elles ne se sont pas privées pour les augmenter . Les facs sont devenues des grandes écoles : moins d'étudiants , des droits d'entrée plus chers . — Je sais
Il fixa Isabelle Colson et se demanda si elle croyait vraiment à toute cette imagerie gauchiste qui avait enflammé la campagne de 2012 , ou si elle l'avait simplement instrumentalisée pour accéder au poste qu'elle occupait maintenant . était honnête avec elle - même , ce qui impliquait alors qu'elle était complètement idiote . Ou si elle connaissait la complexité de la réalité , mais passait outre par pur opportunisme , ce qui voulait dire qu'elle était d'un cynisme absolu . Il ne répondit pas directement à la question .
Elle ne se doutait pas à quel point ces jeunes gens étaient dévoués à leur administration d'origine , et jusqu'où ils pouvaient aller pour lui.


Séparation des banques de dépôt et d’investissement
Nathalie dans un tailleur gris trop strict , le soir de cette fameuse journée , qui lui faisait un compte - rendu enthousiaste de sa première rencontre avec le financier le plus puissant de la place de Paris . « Ce type est tellement brillant , Christophe , tu ne peux pas savoir . . . Il nous a expliqué sa vision de la banque , et pourquoi il ne fallait surtout pas séparer le côté banque de dépôts et le côté banque d'investissement . Je te jure qu'après je ne savais plus quoi penser . Tu sais que je suis partisane de cette solution , mais ce qu'il nous a dit a du sens . Il nous a dit que c'était bizarre que des gens de gauche défendent cette séparation des activités qui avait servi de modèle de développement au secteur bancaire américain et qui avait donné naissance à des monstres comme Goldman Sachs et Lehman Brothers . Il a employé le mot “ monstre ” , je te jure . Des “ monstres ” , il a dit , “ qui ne sont là que pour multiplier les profits sans se rendre compte qu'il y a d'autres aspects tout aussi fondamentaux ” . Je t'assure , on aurait
Crédit parisien, une sorte dee BNP Paribas
François Sérignac acquiesça , rassuré . Antoine Fertel ne désarmait pas . Il ne l'avait jamais fait . Depuis plus de trente ans , il avait bâti un édifice unique basé sur une philosophie très simple : ce qui est bon pour le Crédit parisien est bon pour la France . Il avait noué dans le monde politique et dans celui de la haute fonction publique des liens privilégiés avec les personnes qui comptaient , ou qui allaient compter . Il s'était très rarement trompé . Dès le début de leur carrière , il allait voir ceux qu'il appelait les « jeunes talents » et il leur faisait son numéro de charme . C'était la première étape du piège qu'il tissait patiemment autour d'eux , jusqu'à ce que leur communauté d'intérêts avec lui et la banque soit devenue trop étroite pour qu'ils puissent dévier de la ligne .
Pour lui , le bonheur de l'humanité passait par le bonheur de la banque . De sa banque . Il était sincèrement persuadé que le système français , où les élites formées dans les mêmes écoles atterrissaient ensuite dans tous les centres de décision du pays , et baignaient dans un entrelacs d'intérêts objectifs , était le meilleur , et il avait décidé de le sécuriser à son profit .

politiques s'apercevaient que le monde était bien plus complexe qu'ils ne l'imaginaient , et qu'ils avaient besoin de l'avis et de l'analyse de professionnels qui avaient les


Rapport Pébereau sur la dette
Aujourd'hui que la dette dépassait les deux mille milliards d'euros , des voix , certes minoritaires , s'élevaient pour dénoncer cette dépendance dans laquelle on avait mis l'État vis - à - vis des marchés financiers . Il avait même entendu un ancien ministre , qu'il avait plutôt tenu en estime , regretter cette « banalisation » de la dette et parler de « pompe à morphine » . 


Sur l’ENA
« Je ne sais pas , balbutia - t - il . Non , je ne crois pas . Vous savez , le cabinet , c'est un passage obligé pour nous , si on veut progresser .
Que ces choses - là sont bien dites ! s'exclama - t - elle . Vous êtes tous un peu pareils . Vous avancez dans un sillon tracé d'avance .
L'acceptation de la diversité , de la différence , la reconnaissance de la valeur de quelqu'un en dehors de vos références , c'est difficile pour vous . On est plus à l'aise dans son jargon , dans son milieu , entre gens de bonne compagnie qui ont fait les mêmes études et qui se sont retrouvés au fil des années , après avoir réussi les mêmes concours . Je me trompe ?
Oui , tu sais , cette tradition qui consiste à traiter le politique pour ce qu'il est vraiment , d'ailleurs : provisoire . L'administration sait qu'elle reste , et les ministres passent .
Et vous , les membres de cabinet , vous êtes des êtres un peu hybrides . Vous êtes aussi temporaires que moi , mais si je pars , vous , vous restez quand même .
Les plus brillants qui ont été élevés dans une espèce de culte du don de soi , aussi noble que stupide . Ils sont peu nombreux . Et les médiocres . Cela explique à mon sens les piètres performances de la France , qui n'a cessé de perdre en influence au fur et à mesure que la mondialisation devenait plus dure .
 
Sur les copropriétés
Les vieux avaient souvent des manies . Ils repéraient quelque chose qui n'allait pas , et s'y accrochaient comme si c'était leur dernière croisade . Une copropriété , pour eux , c'était un immense terrain de jeu qui leur permettait d'avoir toujours de quoi se plaindre .


Sur la presse
Il avait imprimé le rythme de la conversation . « Je lis la presse comme vous , mesdemoiselles , avait - il commencé , et si j'ai voulu vous voir c'est justement parce que je sais que , en tant qu'inspectrices des finances , vous ne vous contenterez pas des analyses partielles , et partiales , des journaux qui ne posent pas les bonnes questions .

Personnaliser

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