CULTURES > US & COUTUMES
33%
Part de la population mondiale vivant dans des pays où l'on roule à gaucheCaramel de Nadine Labaki (2005)
25# - US & COUTUMES
Une culture s'observe avant tout par ce qui est le plus visible et durable : la construction, donc l'#architecture. C'est la seule qui résiste au temps ou presque (Pyramides d'Egypte, Cathédrales).
CHAPITRE 25 - US & COUTUMES : CHANGEMENTS MAJEURS
Depuis l'apparition du mariage d'amour, bien expliqué par le philosophe Luc Ferry, les rapports humains deviennent beaucoup plus riches mais aussi complèxes instables. Mai 1968, explosion du nombre de divorce, les MST dont le Sida, l'Internet, les techniques de procréation, ont bouleversé les façons d'interagir entre être humains. Le modèle central des sociétés occidentales, autrefois la famille bi-parentale avec trois générations coexistantes, a éclaté en plusieurs modèles assez éloignés.
Culture populaire et classes moyennes
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La télévision : séries et dessins animés
Les premières séries ou "feuilletons", apparaissent dans les années 1960 avec des oeuvres souvent de qualité inégales sous trois familles : les dramas, les sitcoms ou les soap opera.
Les pionniers sont les anglais avec le Prisonnier, Chapeau Melon et bottes de cuir et les américains suivent avec les Envahisseurs, ou même Star Trek. Le concept devient populaire et va s'étendre dans les années 80 grâce à l'apparition de plusoieurs noiuvelles chaines de télévision comme la 5ème qui propose alors aux adolescents K2000, Supercopter, Tonnerre Mécanique, Chips ou l'homme de l'Atlandide, très avant gardiste sur la fonte de glaces. Air, terre et mer, rien n'est donc oublié par les scénaristes Hollywood très inspirés comme Stephen J Cannell, Glen A Larson ou Donald P Bellissario []. Un leïtmotiv, la guerre du Viet Nam qui ressort en filigramme de nombreuses séries populaires : L'Enfert du Devoir, Magnum, Mash. Le succès se poursuit dans les années 1990. Jusque là les stars restaient souvent emprisonnées dans leurs rôles comme Tom Seleck qui était préssenti pour Indiana Jones, ou même Richard Dean Anderson. Mais avec l'explosion du marché, Hollywood puise dans le réservoir et des acteurs comme Will Smith décuplent leur succès avec avoir incarné le personnage d'une série (Le Prince de Bel Air) ou George Coolney qui se fait connaitre grâce à Urgence.
Le polar rest le produit phare avec Colombo ou de grandes sagas comme Dallas. La connaissance de l'univers de ces séries peu élitistes va se répandre pendant quelques décennies au point de constituer une sorte de socle de culture commune "mondiale" ou à minima Américanoeuropéenne. Elles permettent de faire évoluer les mentalités (cas des afro américains, le Capitaine Kirk de Star Trek est le premier à embrasser une femme noire à la télévision), à critique la politique du gouvernement (Viet-Nam), ou même à susciter des vocations comme Urgence.
Aujourd'hui plusieurs générations cohabitent avec leurs propres références : les baby boomers, les X et les Y. L'explosion du nombre de séries à travers le monde et l'efficacité de la distribution par Internet (iTunes ou Netflix après la vague des coffrets DVD) va émietter la culture commune d'autrefois autour des quelques séries annuelles diffusées sur deux ou trois chaines connues pour aboutir à une fragmentatiohn par centres d'intérêts (polar scandinaves, thrillers etc).
La série des années 1967-1968, Le Prisonnier est considérée comme une sorte de chef d'oeuvre tourné à Portmeirion au Pays de Galles, créé par l'architecte et milliardaire Williams-Ellis. Pour Olivier Delcroix du Figaro, le prisonnier fait la démonstration par l'absurde qu'une démocratie peut prendre l'apparence d'un monde idéal, alors qu'à lintérieur, on ne peut faire confiance à personne, et que son système politique est fondé sur la manipulation. Et lorsque le Prisonnier pose des questions à son entourage, on lui répond : " Les questions sont un fardeau pour les autres et une prison pour soi-même."
Les relations amoureuses
L'un des aspects les plus concernés par le digital. L'art du SMS
La mode : des modèles ?
Lassitude des classiques, neurasthénie des romantiques et maintenant burn-out / Gorges Vigarello
NOTES
Bibliographie
Modern Romance, Aziz Ansari, Hauteville éditions Bragelonne, 2017 (Ed originale en anglais 2015)
[ ] Glenn A Larson : Galactica, Magnum, K 2000, l'Homme qui tombe à Pic, Equête à Palm Beach, Donald P. Bellisario : Magnum, Supercopter, Code Quantum, JAG, NCIS : Enquêtes spéciales, Stephen J. Cannell : Les têtes brûlées, Rick Hunter, 21 Jump street, l'Agence tout risque, Rebelle, Profit,
Histoire de l'alimentation, Jacques Attali, Fayard 2019
RESSOURCES
Bibliographie
Modern Romance, Aziz Ansari, Hauteville éditions Bragelonne, 2017 (Ed originale en anglais 2015)
[ ] Glenn A Larson : Galactica, Magnum, K 2000, l'Homme qui tombe à Pic, Equête à Palm Beach, Donald P. Bellisario : Magnum, Supercopter, Code Quantum, JAG, NCIS : Enquêtes spéciales, Stephen J. Cannell : Les têtes brûlées, Rick Hunter, 21 Jump street, l'Agence tout risque, Rebelle, Profit,
Histoire de l'alimentation, Jacques Attali, Fayard 2019
Ce seront les peuples capables de préserver l’art de vivre et de le cultiver de manière plus intense , capables aussi de ne pas se vendre pour assurer leur subsistance , qui seront en mesure de jouir de l’abondance le jour où elle sera là . John Maynard Keynes
Un exemple de l'insouciance des nouvelles générations : la perte de leurs archives. En abandonnant le papier, ils ont abandonné l'archivage et la conservation. Combien d'entre eux vont-ils se retrouver sans aucune photo de leur passé à 50 ans ? Disques durs cassés, téléphones perdus non synchronisés, dégats des eaux, pertes, vont couter cher à ceux qui ne s'en préoccupent pas. Dans le pire des cas une bombe électromagnétique pourrait tout détruire. Finalement l'archivage dans le Cloud, même désordonné n'est peut-être pas si bête à condition de faire confiance aux infrastructures et à accepter une éventuelle fuite de données.
Consommateurs malades (Dalaïa Lama, interview Fabien Ouaki (1996)
Par ailleurs, on note, surtout en France, un accroissement régulier de la consommation de tranquillisants et d’antidépresseurs. Je ne sais pas si cette tendance résulte de la pression des laboratoires pharmaceutiques ou de la démission des médecins, qui n’ont rien d’autre à proposer pour endiguer l’angoisse et le malaise croissants de leurs clients, adultes ou enfants. Un bon généraliste de l’ancienne école vous aurait proposé de marcher, de faire du sport et de vous défouler naturellement. La mode actuelle est de prescrire du Prozac.
La sagesse populaire estime qu’il faut souffrir pour s’améliorer. Êtes-vous d’accord ?
DALAÏ-LAMA : Ce n’est pas absolument nécessaire. Mais il est vrai que l’expérience de la souffrance mûrit les gens, les rend plus endurants. Je trouve que les générations qui ont connu la Seconde Guerre mondiale et l’après-guerre réagissent mieux à tous les problèmes. La génération suivante a seulement entendu parler de la tragédie des guerres, sans directement la connaître.
Ceux qui ont la vie trop facile ne supportent pas les moindres difficultés sans perdre patience et se mettre en colère. Ils sont moins résistants. Ce qui ne veut pas dire que pour devenir meilleur il faut souffrir. Pour les bouddhistes, la souffrance, visible ou non, est omniprésente.
Ménages et sexualité (Dalaïa Lama / Interview Fabien Ouaki 1996)
Quand nous parlons des enfants et de leur racines, nous ne pouvons pas ne pas évoquer la vie familiale. Les problèmes des enfants sont souvent reliés au divorce des parents. Le divorce est devenu si courant de nos jours. Quel est votre sentiment à ce sujet ?
DALAÏ-LAMA (il a bondi comme un ressort aux mots « famille » et « divorce ») : Le divorce est très négatif ! C’est un véritable problème, qui est d’ailleurs étroitement lié à la sexualité. Cependant, il y aura toujours des cas exceptionnels où le divorce sera la meilleure solution. Il faut essayer de voir ce qui peut donner les résultats les plus positifs à long terme.
En cas de grande violence ou s’il y a danger de meurtre, le divorce s’impose, bien entendu.
Mais les gens ne semblent pas se rendre compte à quel point le mariage est une décision capitale, qui doit se fonder sur une connaissance mutuelle approfondie, et pas uniquement sur une attirance réciproque. L’amour fou ne suffit pas.
En effet, les êtres humains sont trop influencés par leur intelligence, et ensuite ils cherchent le plaisir pour le plaisir. Aussi leur vie sexuelle prend-elle parfois une Tournure excessive ou perverse. C’est surtout le cas en Occident, où la sexualité ne connaît plus de garde-fous. Au contraire, il y a bien des aspects de votre vie qui vous encouragent à exagérer en matière de sexe, n’est-ce pas ? En soi, dans un contexte normal, l’acte sexuel n’a rien de mauvais. Mais c’est comme avec l’alcool, la consommation excessive est....
La fonction première de l’acte sexuel, c’est la reproduction. Mais notre intelligence vient se greffer là-dessus et elle ne se contente jamais de faire les choses simplement…
Notre saucisse, voyez-vous (sa main esquisse un geste serpentin), s’amuse à visiter des tas d’endroits bizarres en provoquant de vrais désastres…
Culture & traditions
L'idée de transmettre une culture, une religion, une tradition est souvent comprise comme une opération de reproduction à l'identique de ce que l'on a soi-même reçu, de ses ascendants ou de ses maîtres. Cette signification, centrée sur la fidélité au modèle et la conservation de l'héritage, ne retient qu'une partie des phénomènes observés dans les sociétés humaines.
QU'EST-CE QUE LA TRADITION ?
Une tradition désigne une pratique ou un savoir hérité du passé, répété de génération en génération. On attribue souvent aux traditions une origine ancestrale et une stabilité de contenu. Mais ces caractéristiques ne résistent pas à l'analyse.
L'historien Eric Hobsbawm a souligné, en 1983, l'ancienneté souvent faible des traditions nationales ou populaires (quelques dizaines d'années) et montré que leurs contenus pouvaient avoir subi des changements importants.
La notion de tradition comporterait donc une part d'illusion entretenue à des fins symboliques et normatives. En effet, les traditions ne sont surtout pas des routines quelconques (telles que se lever le matin et se coucher le soir), mais des savoirs ou des actes porteurs de valeur et de signification pour un groupe humain particulier.
L'étiquette « traditionnel » appliquée à des objets, des arts, des récits, des cérémonies, des rites de politesse, des croyances ou des recettes de cuisine, a le pouvoir de jeter un voile sur leur passé et de les instituer comme symboles auxquels s'identifier. En conséquence, pour de nombreux anthropologues, une tradition ne doit pas être traitée comme un héritage du passé, mais comme une pratique présente, par laquelle « nous choisissons ce par quoi nous nous déclarons déterminés », comme l'explique Jean Pouillon. Une tradition est, selon Gérard Lenclud, « un morceau de passé taillé à la mesure du présent ». Transmettre une tradition c'est, bien souvent, faire un choix présent.
TRANSMISSION ORALE, TRANSMISSION ÉCRITE
Il existe aujourd'hui encore des sociétés dont les cultures ne se transmettent qu'oralement. Des civilisations se sont développées sans écriture. L'anthropologue Jack Goody a, depuis 1977, développé l'idée que l'oral et l'écrit ne sont pas seulement des véhicules du langage, mais induisent des types de savoir différents, et peut-être même des formes de pensée différentes.
Un élément de culture orale ne comporte pas de « version standard » : à chaque performance, des changements insensibles peuvent intervenir. D'autre part, l'empan de la mémoire humaine ne permet pas de prendre une vue simultanée d'un ensemble important d'énoncés.
L'écriture, en revanche, amène d'autres possibilités :
- celle d'archiver des informations hors mémoire et de libérer celle-ci ;
- celle de fixer un contenu et de percevoir les changements qu'on lui apporte, et donc de distinguer un « texte original » de son « commentaire » ;
- celle de réorganiser le savoir, de le classer autrement et d'en percevoir les ruptures logiques ;
, ;- celle d'isoler un énoncé de son contexte et de son énonciateur, permettant un usage plus abstrait du langage.
J. Goody a conforté l'hypothèse que la transmission écrite était un facteur probable de l'émergence de savoirs plus rationnels, abstraits, complexes et objectivés - en un mot scientifiques -, ainsi que de l'organisation bureaucratique des sociétés modernes.
Cette thèse a appelé à la fois des critiques et des développements. Michael Cole et Silvia Scribner, psychologues, ont réfuté l'idée que l'écrit induise (ou résulte) des compétences intellectuelles différentes de l'oral. Carol Feldman a soutenu que dans les cultures orales, la réflexion sur le texte était aussi bien pratiquée. E.L. Eisenstein a réduit les effets possible de l'écrit à sa fonction d'archivage et de contrôle social.
David Olson, Peter Denny, Robert Scholes, Brenda Willis ont défendu la thèse de J. Goody, tout en la précisant : en moyenne, leurs observations étayent les propriétés « décontextualisantes » et réflexives de l'écrit, mais mettent en doute les autres effets suggérés par J. Goody.
CULTURE : UN DÉTERMINISME VARIABLE
Au cours du xxe siècle, les sciences humaines, et en particulier certains anthropologues, ont oeuvré à un élargissement des effets de la transmission culturelle, au détriment des théories raciales et naturalistes. Ce mouvement s'est épanoui au cours des années30, avec les travaux de Margaret Mead (1901-1978) et de Ruth Benedict (1887-1948), qui attribuèrent à la socialisation précoce des enfants le pouvoir de forger des personnalités conformes à un certain modèle culturel, particulier à chaque société. Par exemple, les différences de comportement selon les sexes ne sont plus universelles, mais culturellement marquées.
Cette théorie, partiellement inspirée par la psychanalyse, a eu une influence, dans les sociétés occidentales, sur l'importance croissante accordée aux déterminismes scolaires et familiaux. Elle ne rendait toutefois pas compte du fait qu'une culture n'est pas entièrement intériorisée, et qu'elle connaît des contradictions, des innovations et des emprunts. Abram Kardiner (1891-1981) a été amené à distinguer entre deux aspects de la transmisison culturelle : celle qui est portée par les « institutions primaires » (la famille et les disciplines de base) et est acquise précocement, et celle qui est portée par les « institutions secondaires » (la religion, la loi), imposée plus tardivement.
Selon A. Kardiner, les institutions primaires sont celles qui forgent la « personnalité de base », les dispositions psychologiques propres à une société. Les institutions secondaires, elles, représentent en quelque sorte l'idéologie d'une société, qui en général est en accord avec la « personnalité » qui va avec. Toutefois, cette idéologie peut-être transmise sans être intériorisée : nous pouvons prendre connaissance de la philosophie présocratique sans devenir des Grecs du Ve siècle.
Cette relative autonomie rend compte du fait que des éléments de culture peuvent circuler, être intégrés à d'autres cultures, sans pour autant les transformer de fond en comble
Nouvelles formes de famille
En France, jusqu'aux années 1950, les divorcés et couples avec enfants nés hors mariage étaient considérés comme des exclus sociaux. Progressivement les mentalités ont évolué, plus d'un enfant sur deux nait hors mariage, et plusieurs variantes de familles apparraissent : éclatée, recomposée, pacsée, homoparentale.
L'engendrement n'est plus le seul acte fondateur de la filiation. Le projet et l'engagement parental le sont aussi. Selon Laurent Alexandre, à force de devenir floues, les frontières entre l'admissible et l'interdit disparaîtront.
Il faut bien se rendre compte que le fait de posséder, en tant qu'individu, des droits inaliénables et de faire primer notre liberté personnelle sur toute considération d'appartenance de groupe est entièrement culturel. C'est le fruit d'une philosophie particulière, née au siècle des Lumières en Europe. Ailleurs, l'individu compte moins en lui même, il est surtout un élément de la collectivité. La révolution biotech va t-elle échapper à l'Europe pour ses raisons ? (Lire Laurent Ségalat, La Fabrique de l'Homme, pourquoi le clonage humain est inévitalbe, Bourin éditeur, 2008.
Comment vont réagir les religions ? Des sectes comme les Amish vont elles apparaître ?
Grosses et fières de l'être, les rappeuses Body Positive prennent le micro
Assumer son corps non conforme aux normes et revendiquer ses rondeurs comme outil d’affirmation et de libération: depuis quelques années, certaines rappeuses nouvelle génération font du body positive un combat en mots et en images.
“J’ai un joli visage / La taille potelée / Des jambes larges / En forme”, rappait Missy Elliott sur Lose Control en 2005. Avec ses looks martiens et son style inimitable, la MC/chanteuse/productrice a incontestablement participé à modifier l’image des femmes dans le rap. Après Queen Latifah dans les années 1990, Missy Elliott est l’une des rares rappeuses à avoir acquis une renommée internationale “malgré” un corps non-conforme aux standards de beauté occidentaux, inspirant toute une nouvelle génération d’artistes hip hop. “Voir une fille ronde et noire devenir une légende absolue résonne beaucoup chez moi”, raconte Mags du trio québécois de rappeuses noires et queer Strange Froots. “En grandissant, j’ai eu très peu de rôles modèles qui avaient la même morphologie que moi.”
De nouveaux rôles modèles
En 2018, la relève body-positive est bien là. Ronde, femme et noire, Lizzo évoque toutes les discriminations qu’elle peut rencontrer dans l’Amérique actuelle, notamment la grossophobie. Dans son album Big Grrrl Small World sorti en 2015, la rappeuse de Minneapolis célèbre avec ferveur les femmes et leur embonpoint. Son leitmotiv: aimez-vous comme vous êtes. Oui les femmes rondes peuvent être heureuses, belles, avoir du désir, et peuvent même se masturber et faire du sport! Avec ironie, elle aborde ainsi sa passion pour le fitness dans le titre du même nom. A l’image, des femmes de toutes morphologies dansent en résilles avec des paroles 100% empowerment: “ce n’est pas pour toi que je le fais”. Dans Boys, Lizzo s’attaque également aux stéréotypes de genre et offre une délicieuse scène performée par une bande de filles overweight qui squattent des pissotières vêtues de body-strings en imprimés panthère.
Sorte de Beth Ditto de l’underground new-yorkais, Contessa Stuto défie aussi les diktats de la minceur depuis le début des années 2010. Leadeuse du collectif hip hop queer Cunt Mafia, la rappeuse hors cases se définit comme une “BBW” (“big beautiful woman”). Ses clips totalement déjantés sont une véritable bouffée de liberté et d’inspiration. Maquillage gothique, perruques couleur bonbon, tenues extravagantes et bourrelets apparents, la MC balance son flow corrosif dans une ambiance street burlesque ou sur fond de guitares stridentes, entre ingestion de friands à la viande et roulage de pelles à deux-trois filles.
Une ode à la diversité en général
“Pendant trop longtemps, on a fait en sorte que les femmes aient une mauvaise image d’elles-mêmes”, explique Miss Eaves, rappeuse originaire Brooklyn qui dénonce le body shaming dans ses morceaux. “Les médias grand public ont décidé que leur corps n’était pas ‘le bon’, principalement parce qu’avoir une faible estime de soi sert le capitalisme. La visibilité et la représentation sont essentielles afin que nous puissions commencer à nous réparer et à nous accepter telles que nous sommes.” L’artiste féministe intersectionnelle revendique ses “cuisses du tonnerre” dans Thunder Thighs, où elle arpente les rues avec un gang de femmes rondes qui twerkent.
A l’instar de la MC américaine, les Canadiennes The Sorority estiment être “tellement plus que des corps et nos rimes le prouvent”. Dans leur reprise revisitée de Ladies Night, hymne à la sororité de 1996 signé Lil’ Kim, Angie Martinez, Left Eye, Da Brat et Missy Elliott, le groupe rend hommage à ses aînées, tout en ancrant les combats d’hier dans les réalités d’aujourd’hui: accepter et montrer la diversité des corps de femmes, programmer plus de rappeuses dans les festivals et promouvoir l’intersectionnalité.
Le rap, seul espace d’expression pour les femmes rondes
Car au-delà d’affirmer le droit d’avoir un corps différent, ces rappeuses célèbrent la diversité et la pluralité du hip hop, proposant des modèles de femmes absents de n’importe quel autre courant musical. Féministes, elles le sont bien évidemment, mais leur simple présence sur la scène hip hop et la manière dont elles mettent en scène leur corporalité perçue comme dissonante démontre la manière dont l’image du corps des femmes a évolué ces dernières années.
Alors que les femmes rondes demeurent invisibilisées dans la société, le rap, pourtant blâmé pour son prétendu sexisme outrancier, est devenu l’un des rares endroits où l’on peut voir et entendre la parole de femmes rondes, quelles que soient la couleur de leur peau et leur orientation sexuelle.
Éloïse Bouton dans Cheek Magazine